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Grotte Chauvet, l'aventure scientifique
La grotte Chauvet, dans la peau des scientifiques. Livre jeunesse
Décembre 2016
Avec une température de 14° C relevée le 23 novembre dernier, il faisait aussi chaud à Nuuk, capitale du Groenland située à 240 km du cercle polaire arctique, qu’à Paris ! Ce phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il a lieu alors que l’hiver polaire a commencé et que le soleil est couché depuis plus d’un mois dans cette partie du monde. Si ce réchauffement persiste, la banquise aura fondu totalement en 2030. Alors, face au risque que ce désert blanc disparaisse à jamais, rêvons un peu grâce au projet Atka et à la mission « Atka Polar School ».
Atka est le nom d’un voilier conçu en 2000 par le skipper Jacques Peignon. Dans la langue inuit, Atka signifie « brise-glace » et « gardien des esprits ». Grâce à sa double coque en aluminium isolé, ce bateau, long de 15,5 m sur 5 m de large, peut naviguer sur tous les océans et résister à la pression des glaces. De plus, son hélice relevable permet de se poser sur la glace sans être endommagée.Mais Atka n’est pas seulement un bateau qui sillonne les mers. Il est porteur d’un projet d’aventure, de connaissances et de partage en lien avec l’environnement naturel de l’Arctique et la culture du peuple inuit. À ce titre, il a déjà accompagné plusieurs programmes artistiques autour de la peinture, de la photographie, de la musique, du cirque ou scientifiques avec la découverte de la faune arctique par des adolescents. Il a même permis à des enfants malades et des personnes handicapées de réaliser un voyage aux confins du grand Nord.
De janvier à juin 2016, le projet « Atka Polar School » a permis à plus de 550 élèves français, de maternelle, primaire et Collège, de suivre une expédition scientifique et culturelle avec Anne-Claire Bépé et Daphné Buiron, deux jeunes exploratrices et chercheuses en sciences polaires. Les enfants n’ont pas été de simples spectateurs, le but de cette mission consistant aussi à les rendre acteurs en leur faisant créer leur propre carnet de voyage.Avant de présenter quelques carnets, dont certains sont vraiment très jolis, attardons-nous un peu sur les étapes du voyage, les connaissances sur l’Arctique et la découverte d’une culture si lointaine que ce projet a fait naître. Anne-Claire est donc partie de Paris pour passer 18 semaines à bord du voilier Atka, emprisonné dans les glaces d’Oqaatsut, un tout petit village de 25 habitants perdu dans l’infini du blanc. Après plusieurs trajets en avion, elle fait escale à Ilulissat, premier port de pêche du Groenland qui compte 4 500 habitants.
Elle en profite pour faire un point sur cette partie du monde sans arbre, où la végétation tout comme la vie est exposée aux conditions extrêmes, mais reste malgré tout possible grâce aux courants marins et à l’air chaud qui remonte des terres d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Le Groenland est en effet une île, la plus grande du globe, entourée de ces trois continents. Lorsqu’elle arrive à Ilulissat au mois de janvier, la nuit polaire commence à diminuer et laisse filtrer un peu de lumière après plus de deux mois où le soleil ne s’était pas levé au-dessus de l’horizon. Les maisons groenlandaises sont comme des tâches de couleurs vives qui tranchent avec la pureté de la neige. En compagnie de ses nouveaux amis qui possèdent une vingtaine de chiens du Groenland, elle fait une longue sortie en traineaux et découvre avec joie ce moyen de transport utilisé pour la chasse et les déplacements, dans ce pays privé de routes.
Après ces quelques jours passés à Ilulissat, où elle a fait de belles rencontres avec des écoliers curieux de découvrir la France et notre mode de vie, Anne-Claire embarque sur un petit bateau de pêche, qui glisse sur une mer presque gelée où les icebergs émergent du froid glacial. C’est dans la baie de ce petit village que se trouve Atka, où elle va vivre plusieurs semaines, bien loin de l’agitation du monde.Le voilier, encerclé par la banquise, est habité par les marins de l’hivernage, Baptiste et Paul qui seront ses compagnons. C’est avec délice qu’Anne-Claire découvre l’intérieur du bateau, ses trois cabines, son carré commun, sa cuisine, ses toilettes, petites pièces qui regorgent de vivres afin de nourrir cinq à six personnes pendant plusieurs mois. Dans cet habitacle protecteur, la température qui ne dépasse guère 14° C, semble pourtant bien douce comparée aux -20° C de l’extérieur.
Mais Anne-Claire n’a pas fait tout ce chemin pour s’enfermer sur Atka ! Son voyage jusqu’au village d’Oqaatsut a bien un but : faire connaissance avec les Inuits et nous faire partager ses découvertes. C’est tout d’abord avec l’école du village qui compte en tout quatre enfants qu’elle apprend la langue groenlandaise et entre en contact avec ce peuple très accueillant.
Les premiers habitants de l’Arctique sont arrivés d’Asie, il y a environ 20 000 ans, quand le niveau des mers était plus bas qu’aujourd’hui et que le détroit de Béring reliant la Sibérie à l’Alaska était à sec. Aujourd’hui, le Groenland est un pays constitutif du Danemark. Les Groenlandais sont des Inuits répartis sur la côte ouest pour la plupart. Ils ne sont que 56 483 à vivre sur la plus grande île du monde qui mesure 2 700 km de long sur 1 000 km de large avec des sommets atteignant 3 000 m. Autrefois nomades car vivant de la chasse et de la pêche, ils sont devenus sédentaires et habitent des maisons en bois, la plupart n’ayant pas l’eau courante. Les habitants s’alimentent en eau grâce à la « power house » qui dessale l’eau de mer en eau douce mais cette eau n’est pas bue : les villageois préfèrent boire l’eau pure des icebergs. Ils font leurs courses dans un supermarché où ils trouvent des produits semblables à ceux que l’on achète chez nous à la différence que l’on y trouve de la viande congelée de phoque et de baleine et qu’il n’y a quasi pas de fruits et de légumes frais, qui ne poussent pas sous ces latitudes.
Leurs maisons, confortables et chaleureuses n’ont cependant pas de toilettes, ce qui ne manque pas d’étonner Anne-Claire. Les habitants d’Oqaatsut font leurs besoins dans des sacs en plastique qu’ils déposent devant leur maison pour être collectés et transportés près de la mer. Ils resteront congelés jusqu’à l’été puis seront vidés et brûlés. Si cette technique peut sembler archaïque, la technologie est néanmoins présente à travers les moyens de communication : la plupart des Groenlandais sont connectés à Internet et possèdent téléphone et compte Facebook.
Tout au long de son voyage, Anne-Claire a correspondu avec les classes inscrites au programme et les enseignants ont fait travailler leurs élèves sur cette expédition à la fois scientifique, culturelle et humaine. Le résultat de leurs travaux s’est matérialisé en carnets de voyage, dont certains ont été présentés lors d’événements culturels. Voici quelques photos du carnet de voyage créé par la classe ULIS de l'école George Brassens à Mâcon (71).
Un article du Radis vert rédigé à partir des sites Atka et Atka Polar School