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D A N I E L L E A R R I B E T D E R O I N ,
h i s t o r i e n n e
e t a r c h é o l o g u e , u n i v e r s i t é P a r i s - 1 P a n t h é o n - S o r b o n n e
O U V R E R E T B E S O G N E R
A U M O Y E N Â G E :
À L’AT E L I E R , À L’ U S I N E
e sens actuel du mot « labourer » indique à
lui seul que le labeur médiéval est avant
tout agricole. Il faut se nourrir et nourrir
ceux qui ne labourent pas la terre : les sei-
gneurs, l’Église, mais aussi les autres tra-
vailleurs qui gagnent leur vie en produisant ou en com-
merçant. L’artisan, ou plutôt l’ouvrier si l’on traduit le
terme latin
operarius
employé dans les textes, est une
figure omniprésente de l’époque médiévale.
Quant au mot travail, qui apparaît en français au
MoyenÂge aux côtés de labeur, d’ouvrage et de besogne,
une idée fortement ancrée voudrait que sa racine
latine, sous la forme
trepalium,
signifie instrument de
torture. Cette étymologie n’a rien de certain mais il est
vrai que le mot renvoie dès ses premières attestations
aux notions d’entrave et de pénibilité. Faut-il pour
autant adopter une vision réductrice et pessimiste du
travail des ouvriers médiévaux ?
L
Extrait du
Psautier dit de saint
Louis et Blanche de Castille,
vers 1225-1235. Après leur
expulsion du Paradis (en haut),
Adam bêche pendant qu’Ève
file. Paris, BnF.