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B I B L I O G R A P H I E
Jean-Luc Boudartchouk, Jérôme
Hernandez, Didier Paya et Christian
Scuiller, «L’archéologie préventive
à la (re)découverte du peuple goth en
Gaule du Sud»,
Archéopages,
hors-série
n
o
3, Inrap, mars 2012, p. 164-169.
Isabelle Catteddu,
Archéologie de
la France : le premier Moyen Âge
(v
e
-xi
e
siècle),
Paris, La Découverte/
Inrap, coll. «Archéologies de la France»,
2009.
Magali Coumert et Bruno Dumézil,
Les
Royaumes barbares en Occident,
Paris,
PUF, coll. «Que sais-je?», 2
e
éd., 2014.
Dominique Garcia et Hervé Le Bras H.
(dir.),
Archéologie des migrations,
Inrap/
La Découverte, à paraître en mai 2017.
Michel Kazanski et Patrick Périn,
«Identité ethnique en Gaule à l’époque
des grandes migrations et des
royaumes barbares : étude de cas
archéologiques»,
Antiquités nationales,
2008, t. 39, p. 181-216.
Les traces matérielles montrent également
des influences réciproques entre autochtones et
nouveaux arrivants, notamment dans les savoir-
faire techniques ou l’habillement. L’archéologie
révèle surtout des particularités régionales. Ainsi,
l’empreinte antique restera plus forte dans le Sud
jusqu’au vii
e
siècle. Dans le Nord, plus rural, il
semble que l’impact moins important de la romani-
sation ait facilité l’acculturation dans la foulée des
migrations. On observe une assimilation progres-
sive de normes culturelles et politiques de l’empire
par la population extérieure à la romanité, mais
dont, rappelons-le, les élites sont souvent formées à
Rome. Certains rois revendiqueront même une part
de romanité à côté de leurs attributs germaniques.
En témoignent les objets déposés dans leurs
tombes.
On assiste ainsi à une mise en place progres-
sive de nouvelles traditions culturelles, fusion de
cultures gallo-romaines et d’autres cultures, aux-
quelles s’ajoutera l’influence du christianisme. À la
suite de ce qui n’est que l’un des nombreux proces-
sus de migration qui jalonnent l’histoire de l’Eu-
rope depuis la préhistoire, ces nouvelles traditions
multiculturelles s’épanouissent
aux
vi
e
et
vii
e
siècles. Elles consti-
tueront l’un des héri-
tages majeurs de ce
continent, à la fois socle
et racines du Moyen Âge
européen.
Évrecy (Calvados), v
e
-vi
e
siècles.
Les tombes les plus riches renferment
souvent des parures et des dépôts
d’objets : ici, céramiques, verreries, bassin
en bronze, seau en bois, poignard, hache,
fer de lance et monnaie en argent
déposée dans la bouche.
LES DÉBUTS DU MOYEN ÂGE : ENTRE HÉRITAGES ET APPORTS NOUVEAUX
Histoire et histoire naturelle nourrissentmon travail artistique. L’animal et
les rapports que l’homme entretient avec lui y occupent uneplace cardinale.
Ainsi, dans «Fragments», une série consacrée à la PremièreGuerre
mondiale, un crânede cheval réalisé en éclats d’obus évoque l’engagement
massif des chevaux et les pertes considérables durant le conflit.
Mais cette vanitémétallique n’est pas sans rappeler le casque ou la cuirasse,
des «exosquelettes» dont onpeut souligner certaines analogies avec des
équipementsmédiévaux. Parmi mes thématiques de prédilection (arts
paléolithiques et néolithiques, lesmal nommées «invasions barbares» ou
la culture viking), leMoyenÂgeme sembleparticulièrement riche et créatif,
notamment par l’omniprésence de l’animal que décritMichel Pastoureau :
«Textes et images, bien sûr, mais aussi matériaux archéologiques, rituels
et codes sociaux, héraldique, toponymie et
anthroponymie, folklore, proverbes, chansons,
jurons : quel que soit le terraindocumentaire
sur lequel il s’aventure, l’historienmédiéviste
nepeut pas ne pas rencontrer l’animal»
(
Une histoire symbolique duMoyenÂge occidental,
2004). Une rencontrequi s’avère aussi féconde
pour l’historienque pour l’artiste. Les travaux
deMichel Pastoureaune sont pas étrangers
à deux demes créations récentes.
Cervus sapiens
s’inspiredes bestiairesmédiévaux,
dans lesquels l’animal vaut surtout pour sa
charge symbolique et son tempérament
supposé, étroitement liés aux préoccupations
et projections humaines. Le cerf est ainsi paré
de toutes les vertus, tandis que le sanglier se
voit considéré commemaléfique et brutal.
Il me semble que l’animal est toujours figuré
avec un regardhumain, jamais avec l’œil
spécifique à l’espèce. Cependant, dans les
bestiaires duMoyenÂge, la chimère n’a pas
moins de réalité que l’animal connu.
La secondepièce,
Homo tarandus,
est en
connexion avec l’héraldique et certaines de
ses déclinaisons, car l’animal dublason se porte
aussi sur la tête, monté en cimier sur le casque
du chevalier. Là encore, homme et animal se
confondent. La figure animale «est à la fois
masque et totem». Les casques et heaumes
participaient pleinement aux fastes du tournoi,
lors de la «montre des cimiers», exposition
précédant le combat. Les cimiersmédiévaux
étaient d’éphémères assemblages composites,
tant dans leurs représentations quedans la
diversité desmatériauxmis enœuvre (bois, crin,
métal, cuir, plumes, cornes, etc.). Unepartie
demon travail tente de dialoguer avec
ces créations et leur
imaginaire aux
résonances réellement
contemporaines.
L A T Ê T E
E T L A B Ê T E
L E M O Y E N Â G E E T N O U S
L’artisteplasticienFrançois Lelonga trouvédans les bestiaires
médiévauxune sourced’inspiration très richepour son travail,
dans lequel l’animal auneplace importante.
François Lelong,
Cervus sapiens,
avril 2016,
crâne de cerf, éclats de bois (chêne
et hêtre), métal, clous, colles vinyliques
et organiques, résines, pâtes à bois,
pigments.