Maladies et problèmes de santé Ophtalmologie Evaluation de la photophobie 07 février 2023 Question Bonjour, je suis photophobe et cela est un des symptôme de ma sécheresse oculaire sévère. Cependant celle-ci est toujours mal évaluée voire niée. Existe-t-il des examens permettant de l'attester ? Y a-t-il déjà eu des études à ce sujet ? Les verres existants ne sont que bricolage et il n'existe rien de vraiment spécifique non plus. Merci. Réponse Bonjour, Vous souffrez d’une sécheresse oculaire sévère qui occasionne une photophobie qui est mal estimée. Vous recherchez des outils d’évaluation de cette photophobie. Nous vous proposons tout d’abord deux documents sur la sécheresse oculaire - Assurance maladie : Sécheresse oculaire : définition, symptômes et causes (08 novembre 2021)Quels sont les symptômes de la sécheresse des yeux ? La sécheresse oculaire peut se manifester de diverses manières : picotements, démangeaisons, sensations de brûlure, de sable ou de corps étranger dans les yeux ; sensibilité à la lumière, à la fumée de tabac ou au vent ; gêne à l’ouverture des yeux le matin, sensation de paupières collées ; augmentation du besoin de cligner des paupières ; absence de larmes dans des situations connues pour déclencher leur sécrétion : lors d'émotion, d'épluchage d'oignons... et à l'opposé, présence d'un larmoiement au vent, au froid, à la lecture... ; impression de voir moins bien ou sensation de fatigue des yeux ; difficultés à porter des lentilles de contact. […] https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/secheresse-oculaire/definition-symptomes-causes - site du Collège des Ophtalmologistes Universitaires de France (COUF) : Infections et inflammations oculaires / Pr P. Labalette (CHU Lille). - 2021 Chapitre 6 (item 83 et item 187) 5. Kératoconjonctivite sèche ou sécheresse oculaire voir pp.16-18 http://couf.fr/wp-content/uploads/2021/05/Chapitre-6_2021.pdf Concernant plus précisément la photophobie, nous vous proposons de parcourir un extrait d’un article du Traité d’Ophtalmologie [21-510-A-30] (2016) de l’Encyclopédie médico-chirurgicale : Photophobie : étiologie et physiopathogénie / C. Orssaud, M. Robert.Évaluation de la photophobie Une évaluation subjective de la photophobie est souvent utilisée, y compris lors d'essais cliniques portant sur d'éventuels traitements symptomatiques [6]. Une telle évaluation a l'avantage d'être facile à réaliser. Elle peut être effectuée en lumière ambiante ou après avoir réalisé une variante du test de sensibilité à l'éblouissement. Lors de ce test, le patient est exposé à des stimuli lumineux dont il est possible de faire varier la longueur d'onde ou l'intensité. Celle-ci doit rester dans les limites de la normale pour ne pas induire d'éblouissement [20]. Il est néanmoins possible d'obtenir une quantification plus objective et reproductible de la photophobie au cours des tests de provocation. Ceux-ci consistent alors à quantifier moins l'acuité visuelle que la fréquence et l'intensité d'un éventuel blépharospasme [spasme des muscles orbiculaires de l'œil provoquant un clignement involontaire et une fermeture de l'œil.] (cliniquement ou par électromyogramme) lorsque celui-ci existe [18, 19, 21]. Cette mesure présente un intérêt lors de l'évaluation de l'efficacité d'un traitement tel que le port d'un verre protecteur. Il est également possible d'apprécier le retentissement fonctionnel de la photophobie grâce à des échelles de qualité de vie développées pour la vision [18, 22, 23]. Ces échelles, dont il existe de nombreuses variantes, évaluent les difficultés rencontrées dans plusieurs situations de la vie quotidienne (vision de loin, de près, conduite automobile, sensation de gêne ou de douleurs, etc.). Il peut être reproché à ces échelles de poser des questions trop imprécises ou de n'être pas strictement orientées vers la photophobie. Ainsi, l'échelle VFQ-25 (National Eye Institute - Visual Function Questionnaire) ne recherche que des douleurs ou un inconfort visuel sans autre précision, alors que l'échelle intitulée Activities of Daily Vision Scale évoque des éblouissements [22, 23]. Celle-ci permet d'évaluer 21 items couvrant cinq conditions d'utilisation courante de la vision : vision de près, de loin, conduite de nuit, de jour, et réaction à l'éblouissement. […] Traitement Il existe peu de traitements spécifiques de la photophobie. Une part de sa prise en charge repose sur les traitements étiologiques des lésions du segment antérieur de l'œil, de la migraine ou des pathologies méningées. Ces différents traitements spécifiques ne seront pas ici détaillés puisqu'ils sont extrêmement variés, allant de la pose d'implants opaques en cas d'aniridie à la prescription d'antalgiques simples puis de triptans dans les formes plus invalidantes de crises migraineuses [51, 52]. Nombre de ces traitements n'ont pas démontré leur efficacité ; le clinicien doit être prudent dans l'évaluation du rapport bénéfice/risque avant de recommander une quelconque prise en charge invasive. Aucun de ces traitements ne joue directement sur le symptôme puisque le détail de ses mécanismes précis est encore largement méconnu. Les atteintes cornéennes, notamment les kératites superficielles, peuvent être traitées par des collyres mouillants, des cicatrisants de cornée, et éventuellement des substances anti-inflammatoires comme la ciclosporine [53]. Il est à souligner qu'en accord avec les données physiopathogéniques, les molécules diminuant la stimulation trigéminée oculaire réduisent la photophobie. Ainsi, l'instillation d'atropine est capable de diminuer les douleurs ciliaires des uvéites antérieures et, paradoxalement, dans le même temps (malgré l'augmentation de l'éclairage rétinien secondaire à la dilatation pupillaire) de diminuer aussi la photophobie parfois associée. De même, l'utilisation d'anti-inflammatoires non stéroïdiens peut être proposée. Le port de verres teintés à l'extérieur, en diminuant la quantité de lumière arrivant dans l'œil, réduit la sensation désagréable liée à l'illumination. Dans les années 1980, il a été proposé un filtre qui peut être conseillé aux patients souffrant de photophobie due aux lumières fluorescentes [18]. Il est intéressant de constater que ce filtre coupe spécifiquement les longueurs d'onde qui activent les ipCGR. D'autres teintes de filtres peuvent être proposées, notamment des teintes brunes ou des rouges comme les filtres Orma® qui sont adaptés aux photophobies dues aux dystrophies rétiniennes. Enfin, dans les cas où la lumière artificielle est cause de photophobie, l'utilisation de logiciels permettant de sélectionner les longueurs d'onde des écrans d'ordinateur est généralement d'une grande aide pour le patient.https://www.em-consulte.com/article/1101987/photophobie-etiologie-et-physiopathogenie L’échelle d’évaluation ADVS citée dans l’article précédent est expliquée dans la thèse de médecine du Dr Nicolas Letzelter (Ophtalmologiste) : Les Etudes de Qualité de Vie en Ophtalmologie : intérêts et applications concernant la cataracte, le glaucome chronique à angle ouvert et la dégénérescence maculaire liée à l'âge.ADVS ou Activities of Daily Vision Scale L’ADVS est une échelle américaine, initialement développée en 1992 dans le but d’évaluer l’altération des fonctions visuelles perçues par le patient porteur d’une cataracte [21]. Elle a également été utilisée et validée dans le glaucome par Sherwood en 1998 [24]. Basée sur des questions dichotomiques (oui/non) et des questions en 4 points (d’aucune difficulté à difficulté extrême), elle explore 5 dimensions différentes en 21 items. Ces dimensions sont : la vision de nuit, la vision de jour, la vision de loin, la vision de près, la réaction à l’éblouissement. Un score par dimension sur 100 ainsi qu’un score ADVS global, toujours sur 100, sont obtenus, les meilleurs scores correspondant à une moindre altération des fonctions visuelles perçues par le patient. La fiabilité du questionnaire est bonne, tant en matière de reproductibilité que pour le coefficient de cohérence interne. La validité est également satisfaisante. (pp.36-37)http://www.ophtalmo.net/bv/Doc/2001-LETZELTER-QDV.pdf L’ouvrage de Pierre-Yves Robert, Déficiences visuelles (Elsevier Masson, 2017) est accessible en ligne. Nous attirons votre attention sur le Chapitre 5 Évaluation du déficit visuel : 8 – Sensibilité à la lumière : fondements physiologiques et outils d’explorations / A. – C. Scherlen, X. Zanlonghi[…] Méthodes d’exploration En prenant en compte les différents mécanismes physiologiques en lien avec la sensibilité à la lumière, trois grandes familles d’instrumentation permettent de caractériser l’impact de la présence de pathologies visuelles sur le degré de sensibilité : la sensibilité à la lumière corrélée à l’intégrité des milieux transparents ; la récupération des fonctions visuelles à travers l’analyse de la récupération des fonctions visuelles après un éblouissement central défini ; et le temps d’adaptation à l’obscurité ou à un décrément de luminance. […]https://www.em-consulte.com/em/SFO/H2017/file_100016.html Enfin nous vous proposons de faire une recherche bibliographique dans le catalogue du Système Universitaire de Documentation (Sudoc) qui est un catalogue collectif français réalisé par les bibliothèques et centres de documentation de l'enseignement supérieur et de la recherche. Voici la recherche que nous vous suggérons (il suffit de cliquer sur le bouton « recherche » en bas de page pour obtenir les résultats) http://www.sudoc.abes.fr/cbs/DB=2.1/SET=5/TTL=1/ADVANCED_SEARCHFILTER Nous espérons que ces informations vous seront utiles et restons à votre disposition pour toute recherche documentaire dans le domaine de la santé. L’Equipe des documentalistes de Questions-santé, Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé. Service Questions-santé http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/ Avez-vous trouvé cette réponse utile ? 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