Gynécologie Grossesse Dystrophie ovarienne 06 janvier 2023 Question Est-ce qu'une fausse couche peut provoquer la dystrophie ovarienne ? Est-ce qu'une femme souffrante d'une telle maladie peut continuer normalement sa sexualité (faire l'amour)? Réponse Bonjour, Vous souhaitez savoir si la dystrophie ovarienne peut provenir d’une fausse couche et si elle peut avoir un impact sur la sexualité de la femme. A titre d’information générale, nous vous proposons tout d’abord de lire la définition donnée à cette pathologie par le Larousse :Syndrome des ovaires polykystiques ou dystrophie ovarienne […] Affection chronique caractérisée par la présence sur les ovaires de multiples kystes durs de taille variable, par des troubles des règles, une pilosité abondante et un poids excessif.https://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/syndrome_des_ovaires_polykystiques/15067 La dystrophie ovarienne est donc également connue sous le nom de syndrome des ovaires polykystiques. Au sujet de cette pathologie, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) (France) apporte les informations suivantes dans un dossier détaillé : Comprendre le syndrome des ovaires polykystiques :Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est dû à un dérèglement hormonal d’origine ovarienne et/ou centrale (au niveau du cerveau). Il entraine une production excessive d’androgènes, en particulier de testostérone, habituellement produites en petite quantité dans l'organisme féminin. Il en résulte une élévation du taux de testostérone dans le sang des femmes concernées. Le nom de cette maladie vient de sa description, effectuée dans les années 30, reposant sur l’observation de ce que l'on pensait être des kystes dans les ovaires des patientes. En réalité, il s'agissait de multitudes de follicules au développement inachevé. Cycles irréguliers, hyperpilosité et troubles du métabolisme. Le SOPK touche environ 10% des femmes, mais ses symptômes sont très variables d’une patiente à l’autre : la maladie peut se manifester de manière très légère, comme être très handicapante. Les symptômes sont les suivants : - Trouble de l'ovulation : la rareté ou l’absence d’ovulations (dysovulation ou anovulation) se traduit par des cycles irréguliers, longs de plus de 35 à 40 jours, voire par l’absence totale de règles (aménorrhée). Ces troubles provoquent une infertilité chez environ la moitié des femmes présentant un SOPK. - Hyperandrogénie : la production excessive de testostérone se traduit par une hyperpilosité chez 70% des femmes atteintes de SOPK, de l’acné et une chute des cheveux (alopécie). - Syndrome métabolique, troubles d'origine glucidique, lipidique ou vasculaire, associés à une surcharge pondérale, qui vont provoquer un diabète de type 2 et prédisposer à l'athérosclérose. Les chercheurs font l’hypothèse que les diverses manifestations de ce trouble répondent à un faisceau commun de mécanismes moléculaires et cellulaires. : l’adiposité excessive provoquée par l’hyperandrogénie prédispose à l’insulinorésistance et au diabète. Les patientes présentent aussi une élévation du risque d’hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires. […] Une maladie d’origine multifactorielle L’origine du déséquilibre hormonal conduisant au SOPK n’est pas clairement identifiée, mais elle pourrait être à la fois ovarienne et centrale. Le système hypothalamo-hypophysaire situé dans le cerveau contrôle la sécrétion des deux hormones FSH et LH qui orchestrent le cycle ovarien : leurs taux varient au cours du cycle, régulant la production d’hormones par les ovaires et provoquant l’ovulation. En cas de SOPK, leur sécrétion est perturbée : le taux de base de LH est anormalement élevé chez la majorité des femmes atteintes, et il n’augmente pas en milieu du cycle alors que c’est ce phénomène qui déclenche l’ovulation. Par ailleurs, les ovaires secrètent trop d’androgènes ce qui entraine une élévation du taux sanguin de testostérone responsable de l’excès de pilosité. Enfin, le taux sanguin d’insuline a aussi tendance à augmenter. […] Les causes de ces dérèglements sont très probablement multifactorielles : génétiques, épigénétiques et environnementales. Environ une vingtaine de gènes de prédisposition au syndrome ont été identifiés, mais ils expliqueraient moins de 10% des cas de SOPK. Les antécédents familiaux exposent néanmoins à un surrisque d’environ 30% de développer la maladie. Des facteurs environnementaux tels que les perturbateurs endocriniens sont également soupçonnés de jouer un rôle dans l’apparition de la maladie, sans preuve établie à ce jour. https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/syndrome-ovaires-polykystiques-sopk Au sujet des conséquences physiologiques de cette pathologie chez la femme, le site d’information médicale Le Figaro Santé ajoute :Les conséquences sont nombreuses. Le syndrome des ovaires polykystiques n’est pas seulement responsable des troubles de l’ovulation (infertilité), il entraîne aussi des perturbations métaboliques qui retentissent sur la santé en général : obésité ; intolérance au sucre et diabète ; athérome et thrombophilie ; dysfonction endothéliale et hypertension artérielle dyslipidémie ; cancer de l’endomètre ; apnée du sommeil : complications obstétricales, diabète gestationnel, pré éclampsie ; excès de fausses couches. https://sante.lefigaro.fr/sante/maladie/ovaires-polykystiques/quelles-consequences Enfin, vous vous demandez quel peut être l’impact sur la sexualité de la femme. Voici un article des Annales d’endocrinologie Vol 73 - N° 4 (P. 348-349 - septembre 2012), sur le site EMPremium des éditions Elsevier Masson : Sexualité des femmes ayant un syndrome des ovaires polykystiques : étude cas–témoins :But .– Étudier la sexualité des femmes atteintes de syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) selon l’échelle Female Sexual Function Index (FSFI) et déterminer le retentissement psychologique selon l’échelle Hospital Anxiety Depression Scale (HADS) sur leur sexualité comparativement à un échantillon de la population générale. Patients et méthodes .– Étude transversale type cas–témoins réalisée entre octobre et novembre 2011 concernant 30 femmes atteintes de SOPK suivies au service d’endocrinologie CHU Hédi Chaker Sfax. Résultats .– L’âge moyen de nos patientes était de 32,3±5,1ans. 43,3 % des patientes n’avaient pas d’enfants au moment de l’étude versus 10 % pour les témoins. La grossesse était spontanée dans 33,3 % des cas, suite à un traitement hormonal dans 63,3 % des cas et par procréation médicalement assistée dans 3,3 % des cas. La fréquence moyenne des rapports sexuels par semaine était de 1,6±0,5 pour nos patientes versus 2,1±0,9. Le score FSFI global était altéré chez 90 % des patientes ayant un SOPK versus 40 % des témoins avec une différence significative (p =0,03). Le désir sexuel et la satisfaction étaient les domaines les plus perturbés avec une différence statistiquement significative entre les deux groupes. Concernant l’évaluation de l’anxiété, 53,3 % des patientes et 26,7 % des témoins avaient un score pathologique avec p =0,02. Un épisode dépressif majeur était trouvé chez 30 % des patientes et 6,7 % des témoins (p <0,001). Discussion .– La dysfonction sexuelle chez les patientes avec SOPK est due principalement aux conséquences cliniques de ce syndrome, le retentissement psychologique notamment dépressif viendra aggraver les troubles sexuels préexistants. https://www.researchgate.net/publication/277462177_Sexualite_des_femmes_ayant_un_syndrome_des_ovaires_polykystiques_etude_cas-temoinsNous espérons que ces informations vous seront utiles et nous nous tenons à votre disposition pour toute nouvelle recherche documentaire dans le domaine de la santé. L’Equipe des documentalistes de Questions-santé, Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé. Service Questions-santé http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/ Avez-vous trouvé cette réponse utile ? Oui cette réponse m'a été utile / Non cette réponse ne m'a pas été utile Avez-vous trouvé cette réponse utile ? Remplissez le formulaire de satisfaction !