Addictions Drogues Temps plaisant de l'addiction 04 mars 2021 Question Bonjour, Ma question concerne le temps de réponse ressenti comme plaisant pour une personne addict (drogue, jeux, ou même sexe) suite à la prise d'une substance plébiscitée comparé au temps passé "en manque " après une consommation. La période de sevrage est-elle plus longue que le temps passé à consommer une substance à laquelle un individu est accro? J'espère que ma question reste française... Je vous remercie Réponse Bonjour, Vous souhaitez avoir des informations sur la durée de plaisir pris par la personne addicte au regard du temps passé en manque. A titre d’information générale et pour comprendre le mécanisme de fonctionnement des drogues, nous vous proposons un article très complet de l’Inserm : L’addiction, sous la dépendance des liens bidirectionnels entre comportement et neurobiologieL’installation d’une addiction implique trois stades successifs : La recherche de plaisir Le premier stade résulte de l’activation du circuit cérébral de la récompense par la substance consommée (ou la pratique réalisée). Ce circuit est sous la dépendance de la dopamine, dans le noyau accumbens. La répétition de cette consommation va conditionner la personne (apprentissage pavlovien), et des décharges de dopamine vont progressivement être libérées par anticipation, prédisant l’arrivée de la récompense. Ainsi, la reproduction de la situation (environnement ou état mental) associée à la consommation ou à la pratique va favoriser une nouvelle consommation. C’est la phase de recherche de plaisir. D’autres systèmes de neurotransmission sont modifiés en parallèle, comme ceux mettant en jeu de la sérotonine ou les récepteurs aux endorphines. Ces derniers deviennent moins sensibles aux molécules endogènes habituellement impliquées dans l’antalgie et la sensation de bien-être, et la production naturelle d'endorphines diminue. Dès lors, le plaisir n’est plus obtenu que par l'apport de la substance extérieure, ce qui induit une augmentation de la tolérance à cette substance et une sensation de manque dès l'arrêt de sa consommation. Un état émotionnel négatif Le second stade est celui où le taux de dopamine libéré à chaque consommation diminue progressivement, rendant le circuit de la récompense beaucoup moins sensible à toutes les molécules qui le stimulent habituellement. Par ailleurs, les décharges répétées de dopamine conduisent à une modification du fonctionnement de l’amygdale cérébrale, rendant l’individu plus stressé, avec des émotions plus négatives (dysphorie). Aussi, ce qui apportaient du plaisir au quotidien devient moins motivants et seule un accroissement de la dose de substance consommée (ou du temps de pratique) peut à la fois satisfaire le circuit de la récompense et soulager de la dysphorie. A ce stade, la consommation ou la pratique excessive vise donc à sortir d'un état émotionnel négatif, et non plus à prendre du plaisir. Cette phase est en outre associée à une perte progressive de la plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité des neurones à se réorganiser entre eux pour intégrer de nouvelles données.La perte de contrôle Durant le troisième stade, l’altération des circuits de la récompense et des émotions est telle que des processus contrôlés par le cortex préfrontal sont modifiés : il s’agit notamment des capacités d’autorégulation, de la prise de décision ou de la capacité à résister aux envies de consommer. Ce stade de perte de contrôle (ou craving) explique les rechutes répétées, même lorsque le désir d’arrêter est sincère. L’observation par imagerie (IRM ou PET-Scan) du cerveau de personnes dépendantes montre notamment une diminution des flux sanguins, une hypoactivation des régions corticales frontales et une hyperactivation des régions impliquées dans la motivation, la mémoire, le conditionnement et les émotions. Mais il n’est pas clairement établi si cette dérégulation fonctionnelle est une prédisposition qui précède le développement de l’addiction, ou si elle résulte simplement de la consommation chronique de drogue. Des études menées auprès de personnes dépendantes de pratiques montrent que les phénomènes cérébraux impliqués sont similaires à ceux observés chez les individus dépendants de substances psychoactives. Ce type d’analyse reste néanmoins compliquées par le fait que les personnes qui ont une addiction consomment souvent plusieurs substances, ce qui rend l’interprétation des modifications observées délicates.https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/addictions Concernant les durées de plaisir et de manque, un dossier très complet de l’INPES (Santé publique France) sur le site de l’Hôpital Marmottan (Paris) Drogues et conduites additives indique :La personne Les individus ne sont pas égaux face aux substances psychoactives. Certains sont plus vulnérables (physiquement, psychologiquement, génétiquement...) que d’autres aux effets et aux risques, dont le risque de développement d’un trouble lié à l’usage. La présence préalable de symptômes psychiatriques est un important facteur de risque. (p.32)On peut voir en parcourant ce dossier que cette différence de réaction des individus est valable pour beaucoup d’addictions :- Inégaux face à l’alcool Face à la consommation d’alcool, chacun réagit différemment selon sa corpulence, son état de santé physique et psychique, que l’on soit un homme ou une femme, et selon le moment de la consommation. Le seuil de tolérance dépend donc de la personne et du contexte. (p.63)- EFFETS ET RISQUES DU MÉSUSAGE DE MÉDICAMENTS PSYCHOACTIFS Les effets des médicaments psychoactifs diffèrent selon leur composition chimique, les doses administrées et la sensibilité individuelle de chaque patient. Ils diffèrent également selon la (ou les) catégorie(s) à laquelle ils appartiennent. (p.103)- QUELS SONT LES EFFETS ET LES RISQUES À COURT TERME? Les effets varient d’une personne à l’autre, en fonction du produit, de la quantité consommée mais aussi du contexte de consommation (usage solitaire ou présence d’un entourage). Les consommateurs recherchent un état de détente, de bien-être, d’euphorie et une modification des perceptions (par exemple, sensation de mieux entendre la musique). Les émotions et les sentiments sont décrits comme ressentis plus intensément. (p.120)http://www.hopital-marmottan.fr/wordpress/wp-content/uploads/2013/07/1573.pdf En complément, nous vous invitons à consulter notre sélection de sites internet : Drogues et dépendances. Vous y trouverez des sites généralistes ainsi que des sites plus spécifiques sur une addiction. https://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/chercher-de-la-documentation/selection-de-sites/drogues-et-dependances/ Enfin, nous vous suggérons de poser votre question par mail, chat ou téléphone au service Drogues info service où des spécialistes pourront vous apporter une réponse plus complète. Rubrique « Parlons-en » à droite de l’écran d’accueil : https://www.drogues-info-service.fr/ Nous espérons que ces informations vous seront utiles. L’Equipe des documentalistes de Questions-santé, Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé. Service Questions-santé NB : Nous vous remercions d'avoir autorisé la publication de votre question. Vous pourrez la retrouver dans les pages de la Cité de la santé (les questions-réponses sont classées par dates) Avez-vous trouvé cette réponse utile ? Oui cette réponse m'a été utile / Non cette réponse ne m'a pas été utile Avez-vous trouvé cette réponse utile ? Remplissez le formulaire de satisfaction !