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L. Le SARS-CoV-2 fait-il perdre l’odorat et le goût ?

Sept patients sur dix atteints de Covid-19 font état d’une perte d’odorat, accompagnée ou non d’une altération du sens du goût. Dans ce cas, c’est la perception des saveurs qui est altérée. La proportion élevée des personnes touchées explique l’utilisation de ces symptômes pour aider au diagnostic de la Covid-19.

La perte d’odorat, suite à une infection, est un phénomène bien connu dans différentes pathologies communes, comme le rhume ou la grippe saisonnière. Un cas a également été décrit chez un patient atteint lors de l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère, maladie causée par le coronavirus SARS-CoV-1) en 2003. La plupart du temps, cette perte est transitoire, et la récupération se fait dans des délais très variables, de quelques jours à plusieurs années selon les patients.

L’odorat a plus d’importance qu’on ne le croit. En temps normal, nous percevons les odeurs quand des molécules odorantes entrent dans la cavité nasale et se lient aux cils des cellules olfactives. Celles-ci tapissent le haut de cet espace, sur une surface grande comme un timbre-poste : l’épithélium olfactif. L’information parvient ensuite au bulbe olfactif par l’intermédiaire des fibres nerveuses puis est transmise au cerveau. Les molécules odorantes peuvent tout aussi bien provenir de la bouche que de l’air ambiant inhalé par les narines (voir figure). En effet, dans le milieu chaud et humide de la bouche, les aliments mastiqués émettent de nombreuses molécules odorantes qui parviennent à la cavité nasale en empruntant une sorte de passage secret à l’arrière de la bouche : la voie rétro-nasale. C’est pourquoi la perte d’odorat peut affecter considérablement la perception de l’arôme des aliments. Parmi les personnes dites « anosmiques », une sur deux constate une altération des saveurs (salé, sucré, acide, amer, umami) de ses aliments. Si la cause de ce dernier dysfonctionnement demeure incomprise, en revanche, la brusque perte de l’odorat est en partie élucidée. Elle reflète l’invasion, par le virus, des différents éléments de la chaîne de l’olfaction.

L’épithélium olfactif, plus précisément les cellules olfactives, sont infectées. Leurs cils, qui portent les récepteurs chargés de recueillir les molécules odorantes, disparaissent et avec eux l’odorat. Les fibres nerveuses chargées de transmette les informations au cerveau ne sont pas épargnées par l’infection. C’est l’épithélium olfactif dans son ensemble qui est désorganisé. Certaines cellules meurent, des globules blancs arrivent : c’est l’inflammation. Mais ce n’est pas tout : le bulbe olfactif, un élément du cerveau, est également contaminé. Cette voie sensorielle, la voie olfactive, devient une des portes d’entrée du virus vers le système nerveux central.

L’insensibilité aux odeurs peut se maintenir plusieurs mois après la disparition des autres symptômes de la Covid-19. Lorsque c’est le cas, cet état trahit une inflammation persistante de l’épithélium olfactif consécutive à la présence prolongée du virus.

Olfaction directe et rétro-olfaction : deux trajets possibles pour les molécules odorantes.

informations mises à jour le 11/10/2022