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Gynécologie | Patrimoine génétique

Question

Bonjour, ma conjointe est tombée enceinte récemment, ce qui est une merveilleuse nouvelle. La conception du bébé a été faite pendant une semaine de vacances d'excès : consommation d'alcool régulière, cocaïne (seulement moi), peu de sommeil. Est-ce que le fait que la conception ait été réalisée dans ce contexte est susceptible d'affecter le patrimoine génétique du bb ?

Réponse

Bonjour,

Vous vous demandez si le fait d’avoir conçu un bébé sous l’emprise d’alcool et de cocaïne, peut avoir un impact génétique sur le développement du fœtus.

Un article mis à jour en 2015, du site helvétique Planète santé, La cocaïne induit des changements au niveau génétique explique :

La cocaïne induit des changements au niveau génétique. La consommation de cette drogue est très répandue en Suisse. Une étude sur les rats montre que la cocaïne peut laisser des séquelles sur le très long terme, voire se transmettre à travers les générations.
[…]
Cette sensibilité à la dépendance peut-elle se transmettre d’une génération à l’autre ?

Des recherches sur les souris montrent effectivement que la modification épigénétique provoquée par la consommation de cocaïne peut être transmise à la descendance. L’idée est assez effrayante. Mais la compréhension de ces mécanismes pourrait ouvrir des perspectives thérapeutiques.

 https://www.planetesante.ch/Magazine/Addictions/Drogues/La-cocaine-induit-des-changements-au-niveau-genetique

Un article du Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine, de juin 2020, Les effets épigénétiques du cannabis/tétrahydrocannabinol confirme l’effet des drogues au stade préconceptionnel :

Exposition au THC au stade préconceptionnel
Outre la toxicité directe qu’exerce le cannabis/THC sur ses consommateurs, il apparaît désormais que, par le jeu d’un mécanisme épigénétique, les consommateurs en âge de procréer, qui exposent ainsi leurs gamètes au THC, transfèrent à leur progéniture diverses anomalies, dont une vulnérabilité accrue aux drogues.
 […]

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7158823/

Concernant les effets de l’alcool en phase de conception, voici un article de Sciences et vie paru en janvier 2024, qui vous alerte : Préconception : Les pères aussi doivent surveiller leur consommation d’alcool :

Des effets sur le sperme
Dans une récente étude publiée par la Texas A & M University aux États-Unis, des chercheurs ont analysé l’effet de l’alcoolisation des souris mâles sur leur descendance. Ils ont constaté qu’une consommation régulière d’alcool par des souris mâles pouvait avoir un impact sur le développement du placenta, les anomalies cérébrales et faciales associées au syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) chez leur descendance et modifiait même les résultats de la fécondation in vitro.

Auparavant, différentes recherches avaient démontré qu’une consommation régulière d’alcool réduisait la quantité de spermatozoïdes et leur qualité. C’est donc dans l’altération du sperme que résideraient les effets potentiels pour le fœtus ? Pour le professeur Robert Barouki de l’Inserm, « les mécanismes induits par l’alcool sont difficiles à établir. Mais de plus en plus d’études suggèrent un lien avec l’épigénétique, ou comment l’activité des gènes est altérée sans que ne le soit la séquence de l’ADN. Cela peut passer par une méthylation de l’ADN, une modification des protéines associées à l’ADN ou encore des ARN présents dans le sperme. Les changements de cette nature dans les spermatozoïdes persistent et peuvent altérer le développement du fœtus et avoir des conséquences sur l’enfant à naître ».

https://www.science-et-vie.com/corps-et-sante/reproduction/preconception-les-peres-aussi-doivent-surveiller-leur-consommation-dalcool-123588.html

 Santé magazine met en lumière une autre étude dans une article de 2019, Les hommes devraient arrêter l’alcool six mois avant la conception d'un bébé :

Pour protéger le bébé à naître d’éventuelles malformations cardiaques congénitales, hommes et femmes devraient éviter l’alcool bien avant la conception, si l’on en croit les résultats d’une étude publiée dans l'European Journal of Preventive Cardiology.

Selon cette étude, menée par des chercheurs de la Central South University de Chine, la consommation d’alcool dans les trois mois précédant la conception ou au cours du premier trimestre de grossesse était associée à un risque accru de cardiopathie congénitale de 44% en cas de consommation du père, et de 16% en cas de consommation de la mère, par rapport au fait de ne pas boire d’alcool.

Quant à la consommation occasionnelle et excessive d’alcool (ou binge drinking), à raison de cinq verres ou plus lors d’une même occasion, elle était liée à une probabilité accrue de malformation cardiaque congénitale de 52% pour le futur père, et de 16% pour les futures mamans.
[…]
Nous avons observé une augmentation progressive du risque de cardiopathies congénitales à mesure qu’augmentait la consommation d'alcool des parents. La relation n'était pas statistiquement significative avec les quantités les plus faibles”, a indiqué le Dr Qin. S’il admet que “les mécanismes sous-jacents reliant la consommation d’alcool des parents et les cardiopathies congénitales sont incertains et méritent des recherches supplémentaires”, il estime que cette étude “indique que les hommes et les femmes qui envisagent de fonder une famille devraient renoncer à l’alcool”.

https://www.santemagazine.fr/actualites/actualites-sante/les-hommes-devraient-arreter-lalcool-six-mois-avant-la-conception-dun-bebe-427407

Enfin, la revue Le généraliste a produit un article, paru en 2019 : La consultation préconceptionnelle environnemental et explique :

QUELS CONSEILS AVANT LA GROSSESSE ?
La prévention sera le meilleur atout. Il faut conseiller les femmes et leurs conjoints, surtout avant et pendant la grossesse, en prenant le temps de leur prodiguer des explications et des recommandations claires et simples :
Le tabac, l’alcool, les drogues qui agissent comme des PEEs (cadmium, benzopyrène, PAHs du tabac) sont interdits ainsi que certains médicaments (même le paracétamol doit être prescrit à la dose la plus faible et pour une courte durée).
[…]
→ Toutes ces informations doivent être apportées lors de la consultation préconceptionnelle afin d’éliminer les sources toxiques professionnelles et de diminuer celles environnementales et domestiques. Le but est de limiter l’exposition aux PEEs dès le début de la conception et de l'embryogenèse.

http://reseau-environnement-sante.fr/wp-content/uploads/2021/04/Greck-Fenichel-ConsultationPreconceptionnelle.pdf

 En tant que service documentaire, nous ne pouvons aller plus loin dans notre réponse. Nous vous suggérons d’interroger votre médecin traitant, qui pourra avoir un avis médical pertinent en toute connaissance de vos antécédents médicaux.

L’Equipe des documentalistes de Questions-santé,
Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé.
Service Questions-santé
http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/

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