Maladies et problèmes de santé Rhumatologie et orthopédie Parsonage-Turner 22 avril 2024 Question J'aimerais savoir s'il est possible de faire un diagnostic dès la première [consultation] ou pas. Car après quelques mois d'errance médicale, un rhumatologue vient de poser ce syndrome pour ma fille de 11 ans. Pourriez-vous m'éclairer plus ce sujet. Merci d'avance de votre réponse. Réponse Bonjour, Après plusieurs mois d’errance médicale, on vient de diagnostiquer à votre fille un syndrome de Parsonage-Turner. Vous êtes étonnée car un seul examen clinique a permis au rhumatologue de poser ce diagnostic. Afin de mieux comprendre le diagnostic de ce syndrome, nous vous proposons des extraits d’un article de la Revue du rhumatisme (Volume 84, numéro 4, pages 295-300, juillet 2017) : La névralgie amyotrophiante. Revue de la littérature et données récentes (syndrome de Parsonage–Turner) / Paul Seror.Introduction La névralgie amyotrophiante (NA) [1], également appelée syndrome de Parsonage–Turner [1, 2] ou névrite du plexus brachial [3], est une neuropathie aiguë douloureuse touchant préférentiellement le territoire du plexus brachial supérieur. […] Symptômes évocateurs et critères d’exclusions pour le diagnostic de la névralgie amyotrophiante (d’après van Alfen et al. [13]). 1 – La névralgie amyotrophiante est probable ou certaine dans les cas suivants : • Douleur brutale au niveau de l’épaule (uni- ou bilatérale) • EVA douleur de 7 sur une échelle numérique de 0–10 • Mobilisation anormale de l’épaule (articulation gléno-humérale et/ou scapulothoracique) durant l’abduction/l’antéflexion maximale • Dans les 3 semaines qui suivent l’apparition des douleurs : parésie des nerfs long thoracique, suprascapulaire, interosseux antérieur Signes et symptômes optionnels : • Douleur initiale moins sévère avec faiblesse musculaire de distribution multifocale clinique typique et d’évolution monophasique • Parésie multifocale plus importante au niveau du/des membre(s) supérieur(s) • Atteinte asymétrique de l’autre membre supérieur • Zones d’hypoesthésie et/ou paresthésie dans le membre supérieur • Atteinte d’autres nerfs périphériques : plexus lombosacré, phrénique, nerf laryngé récurrent […] Tableau clinique Forme clinique typique Dans la NA typique, trois phases se succèdent : une phase douloureuse, une phase déficitaire associant faiblesse musculaire, amyotrophie et troubles sensitifs, puis une phase de récupération [1, 2, 3, 4, 6, 8, 9, 11, 14, 15, 16, 17, 18]. Ces 3 phases sont retrouvées de manière similaire dans la NA idiopathique (NAI) et la NA héréditaire (NAH).[…] Circonstances déclenchantes Des circonstances déclenchantes ont été notées dès la première description de la NA : la sérothérapie antitétanique [15]. Depuis lors, de nombreux facteurs déclenchant ont été rapportés (Encadré 2) dans de larges séries et des cas cliniques, parmi lesquels un traumatisme bénin, des exercices simples ou inhabituels, une grossesse, tout type d’intervention chirurgicale, une infection virale ou bactérienne et une vaccination. Ces facteurs sont retrouvés dans 45 à 53 % des cas [1, 6, 8], et surviennent de quelques heures à 1 mois avant l’apparition de la NA (dans la 1re semaine dans 52 % des cas) [8, 21]. Encadré 2 Liste non-exhaustive des facteurs déclenchant rapportés dans la littérature. • Traumatisme (de bénin à plaie par balle), exercice, stress psychologique, ponction lombaire, exposition au froid, brûlures • Tout type d’intervention chirurgicale : amygdalectomie, ablation des végétations, appendicectomie, hystérectomie, pontage coronarien, chirurgie du genou • Grossesse, accouchement et post-partum • Sérothérapie antitétanique • Vaccination : typhoïde, diphtérie, tétanos, rougeole, grippe, papillomavirus humain, etc. • Infection bactérienne : infection des voies respiratoires supérieures, typhus, typhoïde, malaria, diphtérie, pneumonie, fièvre rhumatismale, dysenterie, sepsis, infection Rickettsia conorii , infection à Bartonella henselae (maladie des griffes du chat), infection à Borrelia burghdorferi ? • Infection virale : grippe ; cytomégalovirus ; herpès ; virus varicelle-zona ; parvovirus B19 ; virus d’Epstein–Barr ; virus coxsackie A2, B ; hépatite B ; hépatite E (10 % des NA vs 0,9 % des donneurs de sang) ; echovirus 13/30 ; variole ; poliomyélite […] Explorations complémentaires Aucun examen complémentaire ne permet de confirmer le diagnostic de NA. Son diagnostic est principalement basé sur la clinique pour les formes typiques ; pour les formes atypiques, le diagnostic de NA reste un diagnostic d’élimination. Certaines explorations sont souvent utiles pour confirmer le caractère périphérique du déficit moteur et sensitif, d’autres auront pour intérêt d’éliminer les autres diagnostics possibles tels qu’un syndrome canalaire proximal du membre supérieur, une compression des racines cervicales, un syndrome de la coiffe des rotateurs, une méningo-radiculite, une myopathie facio-scapulo-humérale, une plexopathie infiltrative ou post-radique et une vascularite. L’examen électroneuromyographique (ENMG) L’ENMG est la première exploration requise lorsqu’il y a suspicion de NA. Il permet d’affirmer l’origine périphérique de la paralysie, et que celle-ci est liée à une atteinte axonale importante à sévère […] Les données biologiques Aucun test immunologique de routine à la recherche d’anticorps anti-myéline, anti-axone ou anti-gangliosides n’est actuellement disponible pour aider au diagnostic de la NA [8, 47]. Les analyses biologiques ont pour intérêt d’identifier une récente infection virale (anticorps IgM) ayant déclenché la NA avant l’apparition de signes cliniques spécifiques […]. Les données de l’imagerie L’imagerie du rachis cervical doit être systématiquement réalisée lorsque la NA présente une topographie radiculaire. Le piège est alors de croire, devant des anomalies discales ou ostéophytiques, fréquentes après 45 ans, qu’elles sont responsables de l’atteinte clinique liée en fait à la NA. […] Les données histologiques L’examen histologique des nerfs périphériques au cours de la NA n’est en règle générale jamais pratiqué. […]https://www.em-consulte.com/article/1125460/article/la-nevralgie-amyotrophiante-revue-de-la-litteratur Comme on peut le lire ci-dessus, il semble qu’un examen clinique permette de poser un diagnostic et que les examens complémentaires permettent d’affiner ce diagnostic puisqu’il existe plusieurs formes de névralgie amyotrophiante. Si vous souhaitez lire cet article dans son intégralité sachez qu’il est disponible sur la plateforme Em-premium, à la Cité de la santé située dans la Bibliothèque de la Cité des sciences et de l’industrie. Voici les informations pratiques pour nous rejoindre. https://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/bibliotheque/informations-pratiques Enfin, nous vous signalons l’existence de l’Association française contre les neuropathies périphériques, l’AFNP.L’AFNP est une association à but non lucratif reconnue d’intérêt général. […] Depuis 2015, l’AFNP a mis en place un numéro spécialement dédié au Neuropathies périphériques : AFNP-Info-Services : 06 52 46 24 92 (service non surtaxé, inclus dans les forfaits)http://www.neuropathies-peripheriques.org/ Nous espérons que ces informations vous permettront de mieux comprendre comment le diagnostic a pu être fait sur un simple examen clinique. Nous restons bien entendu à votre disposition pour toute recherche documentaire dans le domaine de la santé. L’Equipe des documentalistes de Questions-santé, Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé. Service Questions-santé http://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-de-la-sante/ Avez-vous trouvé cette réponse utile ? Oui cette réponse m'a été utile / Non cette réponse ne m'a pas été utile Avez-vous trouvé cette réponse utile ? Remplissez le formulaire de satisfaction !