Maladies et problèmes de santé Chirurgie Urologie et néphrologie Prostate et péridurale 29 mai 2022 Question En cas de cancer de la prostate au stade où l'on doit pratiquer une ablation de la prostate, est-ce qu'on peut "anesthésier" le patient sous péridurale pour pratiquer l'intervention ? Réponse Bonjour, Vous souhaitez savoir si la prostatectomie peut s’effectuer sous péridurale ou s’il faut impérativement une anesthésie générale. A titre d’information générale, nous vous proposons de parcourir un extrait d’un article du Traité d’Anesthésie-Réanimation [36-592-A-10] de l’Encyclopédie médico-chirurgicale : Anesthésie en chirurgie urologique de l'adulte / T.N. Thierry Ouattara, R. Rozier, M. Raucoules-Aimé (2020).Cancer de la prostate Évaluation préopératoire […] Prise en charge peropératoire Les patients atteints de cancer de la prostate peuvent se présenter à la salle d'opération pour : • une prostatectomie rétropubienne radicale ouverte avec dissection des ganglions lymphatiques ; • une prostatectomie laparoscopique assistée par robot avec dissection des ganglions lymphatiques pelviens ; • une prostatectomie de récupération (après échec de la radiothérapie) ; • cryoablation ou orchidectomie bilatérale pour la thérapie hormonale.Prostatectomie radicale rétropubienne La prostatectomie radicale rétropubienne est habituellement réalisée avec une dissection des ganglions lymphatiques pelviens par une incision abdominale médiane inférieure. Elle peut être curative pour un cancer de la prostate localisé ou occasionnellement utilisée comme procédure de sauvetage après échec de la radiothérapie. La prostate est retirée en bloc avec les vésicules séminales, les canaux éjaculateurs et une partie du col de la vessie. Une technique d'épargne nerveuse peut être utilisée pour aider à préserver la fonction sexuelle. Après la prostatectomie, le reste du col de la vessie est anastomosé directement à l'urètre par un cathéter urinaire à demeure. Le chirurgien peut demander une administration intraveineuse de carmin d'indigo pour la visualisation des uretères, et ce colorant peut être associé à une poussée hypertensive ou à une hypotension [70, 71, 72]. Une prostatectomie radicale rétropubienne (ouverte) peut s'accompagner d'une importante perte de sang en peropératoire. La plupart des centres hospitaliers utilisent la surveillance directe de la pression artérielle, la surveillance de la pression veineuse centrale pouvant également être utilisée. D'autres centres utilisent couramment la surveillance non invasive du débit cardiaque (LiDCO rapid ou FloTrac/Vigileo). La perte sanguine opératoire varie considérablement d'un centre à l'autre, les valeurs moyennes étant généralement inférieures à 500 ml. Les facteurs influençant la perte de sang comprennent la taille de la prostate, la durée de l'opération et les compétences et l'expérience du chirurgien. La perte de sang et la morbi-mortalité opératoires sont similaires chez les patients sous anesthésie générale et ceux sous anesthésie locorégionale [70, 73, 74]. L'anesthésie péridurale nécessite un niveau sensitif T6, mais ces patients ne tolèrent généralement pas l'anesthésie locorégionale sans sédation profonde en raison de la position de décubitus dorsal avec extension de la hanche. Le risque d'hypothermie peut être minimisé en utilisant une couverture chauffante à air forcé et un réchauffeur de liquide intraveineux [73]. Les complications postopératoires comprennent une hémorragie, une thrombose veineuse profonde (avec possibilité d'EP), des lésions du nerf obturateur, de l'uretère et du rectum, ainsi que l'incontinence urinaire et des troubles de l'érection à type d'impuissance sexuelle. Une dissection chirurgicale étendue autour des veines pelviennes augmente le risque d'embolie gazeuse peropératoire et de complications thromboemboliques postopératoires. Une approche de type réhabilitation améliorée devrait être la norme. L'anesthésie péridurale réduit l'incidence de thromboses veineuses profondes postopératoires à la suite d'une prostatectomie ouverte. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et le paracétamol peuvent être utilisés comme adjuvants analgésiques et permettraient de réduire les besoins en opioïdes, améliorer l'analgésie et favoriser une reprise plus rapide du transit [70, 73, 75]. Prostatectomie radicale robot-assistée par laparoscopie La prostatectomie radicale par laparoscopie assistée par robot avec dissection des ganglions lymphatiques pelviens diffère de la plupart des autres procédures laparoscopiques par l'utilisation fréquente d'une position en Trendelenburg prononcée pour l'exposition chirurgicale. Le positionnement du patient, la durée de l'intervention et l'importance du pneumopéritoine pour la laparoscopie nécessitent une anesthésie générale avec intubation trachéale. Le protoxyde d'azote doit être évité. La plupart des prostatectomies laparoscopiques sont effectuées avec une assistance robotique. Par rapport à la prostatectomie rétropubienne ouverte, la prostatectomie laparoscopique robot-assistée est associée à une durée d'intervention plus longue, mais avec moins de pertes sanguines et moins de transfusions sanguines, des scores de douleur postopératoire moindres et des besoins en opioïdes plus faibles, moins de nausées et de vomissements postopératoires, et un séjour plus court à l'hôpital. La position de Trendelenburg importante peut entraîner un œdème de la tête et du cou et une pression intraoculaire accrue (le glaucome est une contre-indication relative). Les complications signalées comme étant associées à un tel positionnement comprennent l'œdème des voies respiratoires supérieures et la détresse respiratoire post-extubation, la perte visuelle postopératoire impliquant une neuropathie optique ischémique ou un décollement rétinien, et une lésion du plexus brachial. Le chirurgien doit être régulièrement informé quant à la durée pendant laquelle le positionnement de Trendelenburg est maintenu, et certains centres ont abandonné l'utilisation de routine de ce positionnement [76, 77, 78, 79].La plupart des cliniciens utilisent un seul cathéter intraveineux de gros calibre (16 ou 14 G). Le risque d'hypothermie peut être minimisé en utilisant une couverture chauffante à air pulsé et un réchauffeur de perfusion. Une analgésie postopératoire adéquate est fournie par l'utilisation d'AINS et/ou de paracétamol et complétée au besoin par des opioïdes. L'analgésie péridurale postopératoire n'est pas justifiée en raison des scores de douleur postopératoire relativement faibles [79].https://www.em-consulte.com/article/1437189/anesthesie-en-chirurgie-urologique-de-l-adulte En tant que documentalistes, nous ne pouvons aller plus loin dans notre réponse. Nous invitons votre proche à interroger le chirurgien et l’anesthésiste qui vont le prendre en charge, sur les différentes méthodes opératoires et sur le mode d’anesthésie adapté. Nous restons bien entendu à votre disposition pour toute recherche documentaire dans le domaine de la santé. L’Equipe des documentalistes de Questions-santé, Le service de réponses en ligne de la Cité de la santé. Service Questions-santé NB : Nous vous remercions d'avoir autorisé la publication de votre question. Vous pourrez la retrouver dans les pages de la Cité de la santé (les questions-réponses sont classées par dates) Avez-vous trouvé cette réponse utile ? Oui cette réponse m'a été utile / Non cette réponse ne m'a pas été utile Avez-vous trouvé cette réponse utile ? Remplissez le formulaire de satisfaction !