Etienne Klein

Etienne Klein, je suis philosophe des sciences et je dirige au commissariat à l'énergie atomique
et aux énergies alternatives, un laboratoire qui s'appelle le Larsim, ou pour le dire vite on regarde quelles sont les interactions entre la physique et la philosophie.
Il se trouve que j'ai passé mon été 2017 à écrire un nouveau livre, c'est une sorte de maladie...
Qui va sortir au mois de février, qui s'intitule matière à contredire et
le sous-titre c'est essai de philo physique. En fait je pars de l'idée que la physique et la philosophie sont deux disciplines complètement séparées, ce qui est très bien, sauf que dans certains cas il faudrait qu'elles interagissent parce qu'elles peuvent s’entre-nourrir. Il y a des questions traditionnelles comme le temps, la causalité, le vide,
à propos desquels, me semble-t-il, les philosophes devraient tenir compte un peu plus des découvertes faites par les physiciens.
Réciproquement les physiciens devraient davantage voir quelles sont les implications
des découvertes qu'ils font. Et ce livre explore ces points de contact qui pourraient apparaître
entre les deux disciplines. Quand on écrit un livre on n'a pas une image du lecteur en tête
mais c'est un livre qui devrait être lui normalement par les philosophes mais aussi par les
physiciens et à mon avis par tous les autres...
Alors ce moment je relis un livre d'un philosophe que j'aime beaucoup qui est Clément Rosset
et ce livre s'intitule "le réel et son double" et l'idée qu'il défend c'est que le réel est idiot.
c'est à dire que le réel, il n'y a rien d'autre à en dire que le fait qu'il est réel
et toutes les stratégies qu'on qu'on essaie de mettre sur pied pour le
saisir, la science, la morale, la philosophie, la métaphysique, sont en fait des détournements
qui ratent leur objectif puisque le réel est idiot, il n'y a rien à en dire à part le fait qu'il est réel.
Je trouve que pour un physicien, un scientifique, ça résonne comme une provocation et la pensée a besoin d'être provoquée pour être motrice.