la vie de Jules Verne la vie de Jules Vernela vie de Jules Verne la vie de Jules Vernela vie de Jules Verne
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la vie de Jules Verne
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Verne pressentait-il la mondialisation ?

J. V.
: Oui ! et dans Paris au XXe siècle, il anticipe clairement la mondialisation. Par exemple, il prévoyait que l'anglais serait la langue universelle des affaires, que l'argent serait virtuel, ce qui n'était pas si évident en 1860, puisqu'il y avait la conversion en or et que l'on transportait tout ça dans des sacs. Verne a saisi que ce mouvement techno-scientifique serait sans nationalité, sans religion, sans morale, sans valeurs éthiques. Qu'il entraînerait un effet de réaction en chaîne qui bouleverserait la planète entière et ferait basculer la civilisation dans une autre direction. Contrairement à ce que l'on dit souvent, il n'était pas optimiste. Tous ses héros de roman sont riches ou soutenus par des industriels milliardaires, qui combinent la science et l'argent et finissent mal. Dans certains romans, il y a une sorte d'autodestruction : dévorée par cette recherche de profit, l'humanité sera t-elle capable de faire la part des choses...

Il a aussi une vision humaniste et universelle ?

J. V. : Il développe et met en parallèle l'évolution humaine, ses grands mythes et ces grands fondements, en les projetant dans un continuum. Roméo et Juliette ou Othello de Shakespeare, dans un autre style littéraire sont universels à travers leurs sentiments intimes et personnels. Le capitaine Nemo, Michel Strogoff ou Philéas Fogg aussi. Car les aventures de Verne mettent en scène des problématiques, des sentiments, des comportements et des valeurs humaines intemporelles qui concernent toutes les civilisations et se reproduisent éternellement. À travers les héros de Verne, il y a l'envie de voyager et de découvrir le monde, la quête de liberté et d'indépendance, le dépassement de soi et l'aventure poussée à son extrême jusqu'au risque de se mettre en péril pour un but, un idéal particulier.

Ne pensez-vous pas que paradoxalement, dans notre XXIe siècle planétarisé, nous manquons de cet humanisme ?

J. V.
: Oui, on en manque. Peut-être vivons-nous dans une période de transition. Avec la mondialisation, on se rend compte que tout le monde est pareil, mais cela reste de l'ordre du concept. Dans le célèbre Tour du monde en 80 jours , Jules Verne pose ce problème. Il place l'homme dans un espace mondialisé, et l'homme est exactement le même où qu'il soit, quel que soit le contexte. Philéas Fogg qui traverse le monde entier découvre qu'il y a une partie de l'homme qui est capable d'accepter l'universalisme, de traverser toutes les civilisations. Et qu'il y aussi une autre partie qui est incapable de l'accepter. Cela est symptomatique de notre époque, nous sommes doubles. Nous avons la volonté de nous dire : nous sommes tous égaux, le monde est un village. Et de l'autre côté, nous sommes de plus en plus attachés, par réaction, par peur, à notre pré carré. La conclusion du Tour du monde, c'est que finalement, cela ne changera jamais.

Mais nous pourrions évoluer... ?

J. V.
: Non, je ne le pense pas... pas dans un sens d'humanisme idéaliste. L'humanité semble un éternel recommencement, comme le raconte de manière extraordinaire Edom ou l'éternel Adam*. Et la culture y tient un rôle très important. Dans Le Tour du monde en 80 jours, Verne note que c'est chaque culture qui influence le comportement humain. Et que c'est à cause des différences culturelles, qu'a un certain moment, la communication s'interrompt. Je pense que ce sera notre problème, éternellement. L'homme est doté d'une sorte de mémoire chimique. Et comme dans l'informatique, il y a peut y avoir des incompatibilités mémorielles et logicielles.

* Nouvelle de Jules Verne (écrit par Michel Verne) toujours publié chez Folio.

Interview réalisée par Jean-Rémi Deléage & Natacha Quester-Séméon, 2005


À voir sur le site "Jules Verne Nantes 2005"
Une nouvelle donation de Jean Verne, arrière-petit-fils de l'écrivain




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Affiche du Theatre du Chatelet, 1874. Illustration de L. Charbonnier. © Coll. Musee Jules Verne de Nantes/ Kharbine-Tapabor










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Inscription dans Clovis Dardentor, Hetzel 1898 © Andrew Nash 2003