Le Monde de Franquin
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La flemme révolutionnaire
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Et puis, une personne qui part, il y a derrière dix personnes prêtes à occuper son poste, et faire tout ce qu’on lui demande. Je crois qu’on peut changer les choses qu’au niveau individuel, un par un. J’espère que quelques personnes voudront faire autrement et qu’ils se diront : mieux vaut un mi-temps qui permet de mener une activité qui a sens pour chacun (des activités différentes, pourquoi pas associatives), plutôt que de s’emmerder tous les jours à se rendre à la Défense habillé en petit cadre jusqu’à pas d’heures. Dans ce cas, il faut se demander comment on peut vivre avec moins, car le piège pour un cadre d’entreprise c’est qu’il est bien payé — plus que dans l’administration, l’enseignement, le journalisme et plus encore qu’un artiste. Cela pose des questions de fond : quel sens tout ceci a-t-il ? Est-ce que je rends service à quelque chose ? Ai-je vécu conformément à ce que je crois ?

Si tout le monde « sapait son travail », que se passerait-il d’après vous ?


Nous sommes tous responsables, et moi la première, car peut-être que je n’ai pas suffisamment contesté la langue de bois par exemple. Personne n’est seul face à l’entreprise. Ce serait différent si les gens s’organisaient, car on participe aussi à ce qui se passe : l’état de choses ne nous est pas imposé, on l’a bien voulu. Si tout le monde sapait le travail dénué de sens et consacrait l'essentiel de ses forces à son désir, nous basculerions dès demain en utopie — et peut-être même aussi en uchronie*...

Vivement demain !


Propos recueillis par Natacha Quester-Séméon.


Biographie


* L'uchronie est un genre littéraire appartenant à la science-fiction reposant sur le principe du détournement historique. Il s'agit pour l'auteur de prendre comme point de départ une situation historique existante et d'en modifier l'issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles. À partir d'un événement modifié, l'auteur crée un effet papillon qui aurait pu d'après lui changer grandement l'histoire. Blaise Pascal : « Le nez de Cléopâtre : eût-il été plus court, toute la face du monde aurait changé » (Pensées, 90). (Source Wikipedia)


© Marsu 2004


Dilbert, grand pourfendeur de l'idéologie d'entreprise, empêcheur de penser en rond, digne héritier de Gaston. © 2004 United Media - dist par Dargaud.
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