Terra Data
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démontre que l’information seule est
impuissante. Elle a besoin de s’ancrer dans
des pratiques sociales, des aspirations
individuelles et collectives pour faire sens,
participer d’une transformation sociétale. Au
cours du Printemps arabe, certains médias se
sont extasiés sur le rôle joué par les réseaux
sociaux dans les mouvements démocratiques,
parlant même de «révolution par internet».
Une fois la vague médiatique retombée,
les travaux de recherche ont montré que
les médias sociaux avaient certes joué un
rôle, mais essentiellement d’amplificateur,
d’accélérateur, là où des formes de résistances
sur le terrain s’étaient nouées, où des collectifs
clandestins s’étaient organisés, où les foules
s’étaient réunies sur les places publiques. C’est
quand elle rencontre des mouvements sociaux
que l’information révèle vraiment sa puissance
démocratique.
Certains expliquent le recul démocratique
en régime d’abondance informationnelle par
la passivité des foules, leur inappétence pour
la chose publique et politique. On notera
d’abord le fait qu’une partie de la population,