II
I
A Venerable Orang Outang
(Un vénérable orang-outan),
crayon et fusain sur papier.
Célèbre caricature de Charles
Darwin en singe, publiée
au moment de la parution
de
La Filiation de l’Homme
par le journal
Hornet
, dans son
numéro du 22 mars 1871.
II
Prof. Darwin,
lithographie
en couleurs de 1874,
parue dans
The London
Sketchbook.
Les éléments
de légende sont empruntés
à Shakespeare :
– « C’est le singe des bonnes
manières »,
Peines d’amour
perdues
, acte V, s. 2, v. 325.
– « 4 ou 5 générations après »,
Tout est bien qui finit bien
,
acte III, s. 7, v. 24-25.
En fait, cette seconde citation
est tronquée, ce qui donne
à
since
un sens adverbial.
La citation originelle est :
From son to son, some four
or five descents
Since the first father wore it…
(« De père en fils, quatre ou
cinq générations l’ont porté
[il s’agit d’un anneau] depuis
le premier père… »)
Le propos est là encore
de tourner en dérision
la théorie « généalogique » :
Darwin en singe tend à un singe
un miroir où ce dernier a du
mal à reconnaître sa propre
ancestralité.
III
Caricature parue dans
le
Fun
du 16 novembre
1872, après la parution
de l’ouvrage de Darwin
L’Expression des émotions
chez l’homme et les animaux
.
Titre : « Ça tracasse encore
notre singe ». Légende :
« Descendante d’une Ascidie
marine [dont la forme est
évoquée par le renflement
de la robe en forme de sac] :
“Franchement, M. Darwin,
dites ce que vous voulez
de l’homme, mais j’aimerais
que vous ne vous occupiez
pas de mes émotions” ».
IV
Gravures extraites
de
Evolution of Household
Articles, Animals etc. According
to Darwin’s Doctrine
(Évolution
d’articles de maison, d’animaux,
etc. d’après la doctrine
de Darwin), lithographies en
couleurs (T.13 et T.20), publiées
par la Wellcome Library dans
les années 1870. Cet ensemble
de vingt caricatures, assez peu
connu avant cette publication,
a été produit d’abord à Berlin
après la traduction allemande
de
L’Origine des espèces
à Stuttgart, en 1860. L’auteur
était Friedrich Schmidt,
qui a également lithographié
et publié les gravures.
Le recueil se compose
de vingt lithographies en
couleurs montrant le plus
souvent la transformation
graduelle d’un article de
ménage en un type humain
ou animal, à travers la série
des formes intermédiaires.
Cette mise en relation
insistante de la théorie de
la descendance et de la
trivialité
par le biais de la réduction
de l’homme à un animal
ou à un objet d’usage, si elle
n’est pas intellectuellement
très riche, est cependant
l’occasion de quelques
trouvailles pittoresques.
Ici, on assiste à la formation
d’un papillon de nuit à partir
d’un noctambule en costume,
et à la métamorphose
d’un hareng saur (connotant
desséchement et odeur forte)
en faiseur de courbettes
(évoquant une obséquiosité
nauséabonde). Le mot
Bückling
signifiant en allemand à la fois
« hareng saur » et « courbette »,
le jeu sur l’homonymie demeure
intraduisible.
V
Caricature de Linley
Sambourne représentant
Darwin, grimpé sur un arbre et
fumant la pipe entouré de lierres
et de liserons (plantes dites
« grimpantes »). Cette image
parut dans le
Punch
en
1875, avant la publication
de
The Movements and Habits
of Climbing Plants
[
Les
Mouvements et les habitudes
des plantes grimpantes
],
Londres, John Murray, 1875.
Titre : « Suggestion d’illustration
pour
Les Mouvements
et les habitudes des plantes
grimpantes
du Dr Darwin (voir
la liste des ouvrages à paraître
chez Murray) ». Légende :
« Nous n’avions pas idée
que le Docteur aurait été si
prompt à avouer ses liens avec
ses ancêtres quadrumanes
– les anthropoïdes arboricoles –
comme le titre de cet
ouvrage semble l’impliquer ».
Le jeu porte sur
climbing
(« grimpant ») : « arboricole »
traduit ici l’anglais
tree-climbing
(« qui grimpe aux arbres »).
VI
Charles Henry Bennett
(1828-1867),
As quiet as
a lamb
(Doux comme un
agneau), 1863, gravure
sur bois, Wellcome Library,
Londres. Satire du livre
de Darwin
On the Origin of
Species
. La caricature du
transformisme s’exprime
en poussant à l’extrême
la folie de la métamorphose :
ici un accessoire du costume,
le chapeau, évolue en parapluie
(ou l’inverse), et le badminton
en ovin, qui se transforme
en homme. L’intégration
de l’objet inanimé dans
le circuit du changement
évolutif reflète et renforce
le scandale provoqué par
le pur matérialisme de Darwin.
L’homme n’est plus le disciple
marchant dans la lumière
de l’agneau de Dieu, mais
le jouet hébété et passif des
forces matérielles « aveugles »
de l’évolution.
VII
Charles Henry Bennett
(1828-1867),
What makes
your ears so long ?
(Qu’est-ce
qui rend vos oreilles si
longues ?), gravure sur bois,
1863, Wellcome Library,
Londres. Dessin satirique
évoquant également
On the
Origin of Species
. Là encore,
à travers l’évolution fantasque
d’un organe, on assiste à une
régression vers l’ustensile :
les oreilles s’allongent et la tête
de l’âne devient oiseau, dont
ces oreilles sont les ailes.
Le corps du quadrupède
décapité devient tonneau, puis
entonnoir. En même temps,
les ailes harassées de l’oiseau
évoquent les oreilles tombantes,
par défaut d’usage (thème
lamarcko-darwinien), de
plusieurs animaux domestiques.
VIII
Caricature de Gill
(1840-1885) représentant
Darwin en singe suspendu
à l’arbre de la science,
parue dans
La Petite Lune
,
n° 10, août 1878.