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RISQUÉ?!
« lanceurs d’alerte» et auteurs du premier livre français sur le
sujet, les « sombres précurseurs » de son espèce s’attirent les
foudres de leur hiérarchie mais aussi des collègues, qui ont
peur de perdre leur emploi en cas de remous. Ces résistants
des temps modernes, en refusant de cautionner des actes
contraires à leur éthique, se mettent à dos les patrons et
les employés, qui n’aiment pas qu’on leur rappelle leur
résignation, leurs petites lâchetés quotidiennes. Confrontés
à un système qui leur paraît inacceptable, ils soulèvent des
questions gênantes, quand tous préfèrent se taire pour avoir
la paix, du travail et des fins de mois les moins difficiles
possible. Tirer la sonnette d’alarme, surtout en période de
crise, est dangereux.
Véronique Vasseur traîne une sacrée réputation derrière
elle et, en plus, elle est une femme. «Nous, si nous prenons
des risques, nous sommes hystériques, folles ; ce sont les
hommes qui sont courageux, plaisante-t-elle. Mes pairs
m’ont attaquée, pour eux je violais le secret professionnel, et
ils ne m’ont absolument pas soutenue… Comme je suis
médecin hospitalier à l’AP-HP, je ne peux pas être licenciée.
Mais j’ai reçu des menaces de mort anonymes, ma moto a été
saccagée. Le ministère de la Santé a eu peur et m’a déplacée,
d’abord dans le service de toxicomanie de l’hôpital Georges-
Pompidou, puis à l’hôpital Saint-Antoine. » La docteure
Vasseur a établi un diagnostic juste : la prison parisienne se
trouve dans un état critique, tous les rapports confirment la
gravité du mal. Notamment le procès-verbal du Contrôleur
général des lieux de privation de liberté, une institution
indépendante qui a relevé une série de symptômes