Jingle de l'émission
Animatrice :
- Bonjour à tous, bienvenue sur les ondes de « Raconte-moi l’éco » nous avons Bernard en ligne, posez votre question …
Bernard :
- Euh bonjour, votre invitée parlait tout à l’heure de théorie de la rationalité, peut-elle préciser sa pensée ?
Animatrice :
- Bien sûr, bien sûr… Dorothée Balaize, rappelons que vous êtes directrice de l’I2EI, l’Institut européen de l’Economie invincible, c’est donc à vous de répondre…
dorothee balaize :
- Tout d’abord, la théorie de la rationalité est l’un des points de départ de l’analyse économique dite « classique », et c’est Adam Smith qui en est à l’origine…
Animatrice : [à l’adresse des auditeurs]
- Adam Smith, philosophe-économiste anglais de la fin du 18è siècle…
dorothee balaize :
- Oui…Donc, pour Adam Smith, la richesse des nations progresse parce que les individus se spécialisent rationnellement dans les tâches où ils sont les plus efficaces et dont ils tirent le meilleur avantage.
Bernard : [Bernard, sur un ton écœuré]
- Alors, je n’dois pas toujours agir rationnellement… !
dorothee balaize :
- Vous savez, comme toutes les théories, celle de la rationalité est simplificatrice. Pour Milton Friedman, prix Nobel en 1976, c’est une simplification qui permet de prédire les choix des personnes : tout se passe « comme si » on était rationnels, même si on ne l’est pas totalement. Bernard, si le prix du poisson augmente, vous en achetez moins. Et bien, vous êtes rationnel …
Animatrice : (sur un ton de relance)
- Mais si Bernard sait que le poisson va encore augmenter, peut-être va-t-il en remplir son congélateur ?
dorothe balaize :
- Dans ce cas, il va anticiper en fonction d’une information et de manière assez rationnelle, non ? C’est une conduite qu’analyse fort bien Robert Lucas, prix Nobel lui aussi, en 1995.
Animatrice : [sur un ton de défi amusé – et repris au vol par l’invité]
- Aline Balaize, pensez-vous vraiment que la rationalité est encore au rendez-vous quand le cours des actions d’un secteur atteint des sommets puis s’effondre brutalement… ?
dorothee Balaize :
- Quand une bulle spéculative éclate ? Là, nous avons affaire à des acteurs qui désirent tous vendre plus cher qu’ils n’ont acheté. Chacun cherche alors à deviner ce que pensent les autres de telle ou telle entreprise et non de leur véritable potentiel. Ils s’imitent les uns les autres et perdent toute rationalité. John Maynard Keynes, dès les années 30, souligne ce phénomène...
Bernard :
- Mais enfin… !?
Animatrice :
- Oui Bernard ?
Bernard :
- Pourquoi prendre de tels risques ?
dorothee balaize :
- Parce qu’en réalité, de nombreux investisseurs prennent des décisions sans toujours bien prendre le temps nécessaire de s’informer et de tout bien peser. Herbert Simon, Nobel en 1978, l’a fort bien décrit.
Animatrice :
- Donc, l’homo-economicus serait un humain comme les autres, auquel toute rationalité pourrait échapper ? [animatrice, sur un ton complice et de conclusion]
dorothee balaize :
- Tout à fait. Les expériences de Daniel Kahneman, psychologue-économiste et même prix Nobel en 2002, ont parfaitement mis au jour combien notre rationalité peut se révéler beaucoup plus complexe que la théorie ne le voudrait…
Animatrice :
- Bernard, j’espère que vous y voyez plus clair, Raconte-moi l’éco continue, place à un nouvel auditeur et nos trois experts du jour…
Jingle de l'émission