Artist and robot:
A brief history
of a relationship
Well before engineers, technicians, or programmers began
making robots, they were present in the imaginary world
of myths. The first artificial creatures to appear in literature
testified to the excessive pride of human beings who aspired
to interfere with creation and to elevate themselves
to the status of the gods. This aspiration goes back to time
immemorial and has lost nothing of its fascination today.
In his great epic poem The Iliad, from the eighth century
before the Common Era, Homer tells of the “illustrious
craftsman” Hephaestus who made twenty self-moving tripods
that moved on wheels, found their own way, and entered
the assembly of the gods by their own power. Deceived by
all the goddesses, the disgraced blacksmith ended up creating
two servants in gold, that could think, speak, and render
a variety of services to oblige their master and lord:
“These are golden, and in appearance like living young women.
There is intelligence in their hearts and there is speech
in them and strength, and from the immortal gods they have
learnt how to do things.”
1
And so Homer can be said to have
invented the first cyborgs in the history of civilisation.
If we continue our journey down the road of myths, we meet
up with a long series of androids and robotic monsters that
are no less intimidating then their contemporary counterparts
in such films as Star Wars or Terminator
[ill.A]
. There were
the Kouretes, demons in bronze that were guardians
of the newborn Zeus, assigned to protect him from his father
Cronos who intended to kill him. This did not win them Zeus’s
gratitude, however, when his wife Hera had them kidnap
the son he had with Io. Zeus struck down the Kouretes,
resolving the problem once and for all: “they ate no bread
and their hearts were tough as steel,”
2
Hesiod writes.
Homer also describes Zeus’s perfidious demand that
Hephaestus make an artificial “lovely maiden” who would
spread evils upon humankind. In order to make her a perfect
imitation of human beings, various gods and goddesses
contributed their characteristic genes: Aphrodite, gave her
beauty; Athena, her manual skills, and Hermes the traveller,
his “lies, coaxing words, and thieving nature.” This charming
woman who was to bring a “gift of evil” upon the world was
the instrument of Zeus, father of all gods and human beings,
to take revenge on the insignificant mortals who accepted
the fire stolen by Prometheus from Olympus, and with it
consciousness and culture. Prometheus, who was punished
for his misdeed, warned against gifts from Zeus. But his brother
Epimetheus could not resist the charms of Pandora,
who opened the famous box from which death, illness, sorrows,
and all the plagues of humankind escaped.
We come upon Hephaestus the blacksmith again in connection
with the making of Talos
[ill.B]
, a giant of bronze. Zeus gave
this monster to his lover Europa for her protection in Crete.
Talos was programmed to circle the island three times a day
and drive away intruders by throwing stones at them.
If a vessel reached the shores, he heated himself until he
was burning hot, whereupon he embraced any opponent
who hadn’t been frightened away just by seeing him.
From a technical standpoint, the automaton had a single vital
artery running from head to foot where it was sealed
at the ankle. Only the wizard Medea succeeded in finding
his weak point. When she severed his heal, the giant’s vital
secret flowed out and the Argonauts were able to land
on Crete without interference.
Les robots existaient dans l’imaginaire des mythes bien
avant que les ingénieurs, les techniciens et les programmeurs
ne s’occupent d’en construire. Les premières créatures artificielles
ont vu le jour dans la littérature, ce sont des chimères témoignant
de l’orgueil de l’homme qui veut s’immiscer dans la création
et s’arroger un statut divin. Une ambition qui remonte
à des temps immémoriaux et qui n’a rien perdu de sa fascination
aujourd’hui. Dans sa grande épopée L’Iliade, le poète Homère
raconta au VIII
e
siècle avant notre ère l’histoire des vingt trépieds
de «l’illustre artisan» Héphaïstos qui se mouvaient sur des roues
comme des robots, trouvaient tous seuls leur chemin
et «se rend[aient] d’eux-mêmes à l’assemblée des dieux».
Le forgeron disgracieux, trompé par toutes les déesses, finit
par créer deux servantes en or, qui pouvaient penser et parler,
et de plus rendre divers services obligeants à leur maître
et seigneur : «statues d’or, elles sont semblables à deux jeunes
filles vivantes; elles possèdent l’intelligence, la force et la voix;
les dieux immortels leur apprirent le travail».
1
Ainsi Homère
inventa-t-il les premiers cyborgs de l’histoire de la civilisation.
Si nous continuons notre parcours sur la route des mythes,
nous croisons une longue série d’androïdes et de monstres
robotiques effrayants qui peuvent en remontrer aux guerriers
modernes de Star Wars et autres Terminator
[ill.A]
: le démon
de bronze des Curètes devait protéger le nouveau-né Zeus
de son géniteur Cronos, qui cherchait à le tuer. Zeus ne leur
en montra pour autant aucune gratitude lorsque son épouse
Héra incita les Curètes à enlever le fils que lui avait donné Io.
Il foudroya l’hydre à neuf têtes, réglant le problème une fois
pour toutes : «ils ne mangeaient pas le pain, leur cœur était
comme l’acier rigide»
2
rapporta Hésiode. Le poète épique
décrivit aussi la perfide demande de Zeus, chargeant Héphaïstos
de fabriquer une femme artificielle «de grande beauté»,
qui répandra tous les maux de l’humanité sur la Terre.
Afin qu’elle soit une parfaite imitation de l’homme, les gènes
de divers dieux et déesses furent mis à contribution : Aphrodite,
qui détient la beauté; Athéna pour l’habileté manuelle
et le voyageur Hermès pour «la ruse et la fourberie, la parole
séduisante et l’art de tromper». Avec cette femme séduisante
par qui arrive le malheur, le père des dieux et des hommes
se vengea des méprisables mortels qui avaient accepté le feu
de l’Olympe dérobé par Prométhée, et de ce fait la conscience
et la culture. Prométhée, qui dut expier son méfait, mit en garde
contre les cadeaux de Zeus. Mais son frère Épiméthée ne résista
pas au charme de Pandore, qui ouvrit la fameuse boîte
d’où s’échappèrent les fléaux de l’humanité, tous les malheurs,
la mort et les maladies.
On retrouve le forgeron Héphaïstos avec la fabrication du géant
métallique Talos
[ill.B]
. Ce monstre fut offert par Zeus à son
amante Europe pour la protéger en Crète. Talos était programmé
pour faire le tour de l’île trois fois par jour et chasser les intrus
à jets de pierres. Si un navire parvenait à atteindre la côte, Talos
s’embrasait et étreignait les agresseurs qui n’avaient pas fui
à sa simple vue. D’un point de vue technique, l’automate était
A