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Aujourd'hui nous avons développé le projet "Sea Orbiter", avec un engin qui n'est ni un bateau ni un sous-marin, mais qui tient plus d'une immense bouée-laboratoire pouvant accueillir 18 personnes à bord pour effectuer des recherches lors d'une grande dérive à travers les océans notamment sur les courants océaniques. Car ils constituent l'élément vital du monde subaquatique, comme de notre vie terrestre, et nous avons très peu de données sur eux.

Vous pensez que ce sont des choses qui vont se développer ?

J. R. : Oui, forcément, nous n'avons pas le choix. Nous sommes lancés dans une grande aventure à travers la connaissance de notre monde. Et l'homme est aujourd'hui plus déterminé que jamais, pour différentes raisons, à connaître tous ces mécanismes : nécessité de protection et de préservation des ressources, gestion et exploitation économique, connaissance générale des équilibres de notre planète… Tous les pays riverains de l'océan qui polluent, et dieu sait si il y en a, ont constaté l'impact de leurs rejets en mer, que ce soit directement sur le littoral ou via les grands fleuves. Aujourd'hui il n'y a pratiquement plus un morceau de littoral qui ne soit pas pollué.

En 1883 Jules Verne fulminait déjà contre les projets délirants de certaines personnes, et les risques de réchauffement climatique, notamment dans « le monde renversé » et le « rayon vert ». Est-ce qu'il n'est pas déjà trop tard ? Faut-il s'adapter ?

Je ne suis pas adepte de cette philosophie-là. Si je suis d'accord sur le mot "adapter", je ne pense pas qu'il soit "trop tard". Je pense que l'homme est un être assez remarquable qui a su s'adapter relativement bien à certaines situations géographiques ou climatiques. Il n'y a aucune raison pour qu'il ne s'adapte pas aux contraintes que lui impose son développement. Mais il faut faire un gros travail de pédagogie, car pour apprendre à s'intégrer dans un milieu, il faut déjà le connaître, et pour le connaître, il faut y être sensible dès le plus jeune âge. Les enfants, bien souvent, sont la clé de toutes les évolutions. Ils sont donc les ambassadeurs de demain.

Si vous aviez carte blanche pour leur apprendre l'écologie marine, que feriez-vous ?

Voilà une très bonne question ! Je pense que je commencerais par développer un immense site informatique et interactif , international, pour favoriser des échanges. Quand je vois la réactivité des enfants à travers l'informatique, le jeu… D'autant que tout le monde ne peut pas aller sous la mer, visiter et comprendre. Le vrai problème est là, rien ne remplace le vécu réel, c'est évident, mais on ne peut développer des classes de mer à l'infini et emmener tous les enfants de la Terre sous l'eau pour leur faire comprendre ce milieu particulier. Vivre sous l'eau modifie toute la perception que l'on peut avoir du monde. Ma dernière expérience en la matière remonte à octobre 2004, avec des Américains au large de Key Largo, dans une maison sous-marine immergée à vingt mètres de profondeur et pendant onze jours…

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Pulmo, un centre de recherche scientifique mobile à grande profondeur sur la dorsale médio-atlantique et les sources abyssales. Projet. © Jacques Rougerie










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Aqualab, un projet d'habitat-laboratoire sous- marin destiné à la recherche océanopraphique pour des séjours de longue durée (1993). © Jacques Rougerie