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Quelques inventions
en détail :
Le "Yellow submarine"
Lorsqu’il dessine Le repaire de la murène, André Franquin
se passionne pour la plongée sous-marine. « Je lisais des
tas de revues sur ce sujet et, entre autres, un livre de l’équipe
Cousteau. L’un de ses membres avait en projet un petit sous-marin, où,
pour équilibrer les pressions intérieures et extérieures,
l’eau pénétrait dans l’engin. » Franquin
extrapole pour en faire un engin encore plus spectaculaire. Propulsion hydrojet,
coque non-étanche, appareil photographique intégré et ailerons
directionnels, le petit sous-marin jaune est aussi une merveille esthétique.
Explications scientifiques sur le sous-marin jaune
Dans la foulée du lancement du sous-marin, le Comte de Champignac s’est
expliqué sur son invention :
A deux cents mètres de profondeur, comment Spirou n’est-il
pas écrasé par la pression de l’eau ?
La réponse est dans le principe même de l’appareil respiratoire
employé par Spirou, le scaphandre Cousteau-Gagnan – qui n’est
pas de mon invention, je m’empresse de le dire. Pendant la plongée,
l’air très fortement comprimé contenu dans la bonbonne est
décomprimé par un « détendeur » avant
d’être respiré par le plongeur ; or, ce détendeur
comporte une membrane de caoutchouc sur laquelle s’exerce constamment la
pression de l’eau et c’est cette pression qui dose la décompression
de l’air de la bonbonne.
Disons plus simplement que l’appareil est réglé de telle
sorte que le plongeur respire toujours un air dont la pression est exactement
la même que celle de l’eau où il se trouve, quelle que soit
la profondeur. La pression qui règne dans les poumons du plongeur et,
par l’intermédiaire de son sang, dans tout son corps, lui permet
donc de résister parfaitement à l’écrasement. D’ailleurs,
le corps humain est composé en majeure partie de liquides et vous savez
que les liquides sont incompressibles.
Comment le sous-marin tournerait-il, puisqu’il n’a pas de gouvernail ?
Bien qu’il m’arrive d’être quelque peu distrait, je n’ai
pas, comme certains lecteurs l’ont écrit, oublié de munir
mon véhicule sous-marin d’un gouvernail ; simplement, il n’en
a pas besoin.
Vous savez qu’il est propulsé par l’eau que la pompe « Hydrojet » repousse
puissamment au moyen de deux tubulures que vous apercevez à l’arrière.
Or, ces tubulures, étant pivotantes, permettent toutes les manœuvres
d’un gouvernail de profondeur. De plus, si la tubulure de droite cesse
de fonctionner, le jet d’eau de celle de gauche fera dévier l’appareil
vers la droite, et vice-versa ; voilà remplacé le gouvernail
de direction.
Et j’oublie de vous dire qu’en faisant brusquement pivoter les tubulures
vers l’avant, on obtient un freinage puissant et le sous-marin repart vers
l’arrière aussi vite que vers l’avant.
Zantajet
Le Zantajet de Zantafio évoque la Vespa. Pour la faire voler, André Franquin
en accentue les formes aérodynamiques. Sans doute l’ignore-t-il
mais l’origine de la Vespa est aérienne. Au lendemain de la guerre,
l’ingénieur D’Ascanio contemple les ruines des usines Piaggio.
Jusque-là, elles fabriquaient des avions. Il imagine utiliser les démarreurs
en les montant sur deux roues et un peu de tôle pour se déplacer
d’un secteur à l’autre de l’usine. La Vespa (« guêpe » en
Italien) est née.
Fantacoptère
Depuis le début de sa carrière, Franquin accumule les Science & Vie.
Il y cherche des sujets qui puissent servir de base aux scénarios de Spirou
et Fantasio. Savoir digérer la documentation pour faire jaillir une
création visionnaire est un don rare que Franquin partage avec son ami
E-P Jacobs, l’auteur de Blake et Mortimer. Dans Spirou et
les héritiers, André Franquin dessine le gracile Fantacoptère.
Il ignore que, quelque temps plus tard, l’armée américaine
mettra à l’étude un projet de machine volante à hélices
et qu’un engin à réaction et à décollage vertical
lui sera finalement préféré.
Turbotraction 1
A la fin de La corne du rhinocéros, Spirou et Fantasio reçoivent
le prototype de la traction avant à turbopropulseur. Elle est baptisée
Turbot-Rhino I, en souvenir de leurs aventures africaines. Pour tout le monde,
il s’agit désormais de la Turbotraction 1. Fuselage de fibre de
verre derrière une prise d’air béante, ce bijou bleu file à deux
cent cinquante à l’heure. Cette invention démontre que Franquin
suit de près le monde des prototypes.
La Turbotraction est inspirée de l’actualité. A l’époque,
certains estiment que la turbine peut remplacer le moteur. Chrysler fait circuler
des voitures dans le plus grand secret, à travers les Etats-Unis. La Le
Sabre de Buick est un autre exemple (La Quick Super, sorte de Buick camouflée, témoigne
de l’intérêt manifeste de Franquin pour cette marque). De
son côté, l’ingénieur français Grégoire
préconise la traction avant à la place de la propulsion arrière.
Franquin fusionne ces deux données dans la Turbotraction.
Zorglumobile
Ce véhicule facile à manœuvrer a quatre hélices horizontales
qui lui permettent de décoller verticalement, comme un hélicoptère. Plus
besoin d’une longue piste !
Aux performances de l’hélicoptère se joint une ligne aérodynamique.
D’après ses plans, Géo Salmon, le bricoleur des gadgets de
l’hebdomadaire Spirou construit une maquette.« Je
l’ai dessinée, en étudiant très précisément,
en faisant semblant de tout connaître. Il y avait toutefois un grand défaut :
je n’avais pas pensé à la place pour le moteur – le
moteur aurait dû être tout petit ! »
Autre erreur, la Zorglumobile ne semble pas avoir de système de propulsion
tels que l’hélice ou le réacteur qui lui permettraient d’avancer
dans les airs.
Certes, les hélices assurant le décollage auraient pu la propulser,
si elles avaient été inclinables. Franquin n’a rien montré de
tout cela dans ses albums.
La Zorglumobile semble donc condamnée à ne voler que verticalement,
comme une sorte d’ascenseur…
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