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Qu'est-ce qui vous frappe dans la technique de Franquin ?
J'ai rencontré Franquin quand j'avais 14 ans. C'est la rencontre
avec l'homme qui m'a fait m'intéresser à son œuvre dont
je suis devenu progressivement collectionneur monomaniaque ! Ce qui m'avait
particulièrement frappé c'est la façon qu'il avait de
se documenter à fond avant de dessiner la moindre case, qu'il
s'agisse du comportement animal ou du fonctionnement mécanique d'un
engin. D'un point de vue technique, son travail est parfait. Ainsi, tout
ce qui doit fonctionner du point de vue mécanique fonctionne. J'ai
des vieux dessins de Franquin datant des années 40, de tanks notamment,
et on voit qu'il les a observé "pour de vrai",
très attentivement. J'ai un autre exemple que j'ai découvert
dans son atelier lorsqu'il s'est intéressé aux baleines
que Gaston essaie de protéger : il travaillait à partir de
maquettes de baleiniers. Ses bateaux sont de vrais baleiniers et pourtant
on ne les voit que pendant quelques cases !
D'autant que Franquin avait cette particularité exceptionnelle de voir
ses actions en relief et de les dessiner en trois dimensions. Il pouvait
expliquer très précisément ce qui était en arrière-plan
et en avant-plan et surtout ce qui était dans le dessin sans y être.
C'est ainsi que pour une seule case, il dessinait tout un tas de choses autour,
qui participaient de l'histoire, l'influençaient, étaient même
indispensables pour que le dessin fonctionne, même si elles n'apparaissaient
pas dans la case finale. Ainsi, chaque case pouvait donner lieu à trois
quelques feuillets de croquis très denses.
C'est pourquoi ses animaux sont si "réels" ?
Oui, j'ai l'exemple de la fameuse mouette de Gaston. Franquin était
capable de parler pendant des heures, rien que sur l'aspect biomécanique
du battement de l'aile et l'anatomie du volatile. Il me parlait même du
dessous de l'aile repliée, qu'on ne peut évidemment pas voir dans
un dessin en deux dimensions. Et bien que sa mouette soit caricaturale, elle
est juste.
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