Suite aux polémiques suscitées par l'offensive créationniste qui, partie des Etats-Unis, s'étend désormais à l'Europe et tout récemment à la Turquie, nous avons rencontré Patrick Tort, directeur de l'Institut Charles Darwin International, pour faire le point sur la théorie de l'évolution de Darwin. Le combat contre une certaine forme de « révisionnisme » de la science se poursuit ici.
« Contre le créationnisme »
Selon la théorie de l'évolution que Charles Darwin a publié en 1859, tous les êtres vivants présentent des variations et l'évolution des espèces se fait par un processus de sélection naturelle qui retient les variations avantageuses dans un milieu donné. Pour les créationnistes, la diversité des espèces est le fruit d'une création divine. Et pour les néocréationnistes, qui défendent la thèse d'un dessein intelligent (Intelligent Design en anglais), il y a bien évolution des espèces mais celle-ci est le fait d'un destin programmé et non d'une sélection naturelle. Des mouvements qui remettent en cause toute forme de rationalité scientifique, mais qui gagnent du terrain.
Dernière offensive en date : la diffusion fin janvier en France d'un ouvrage de propagande créationniste, l' « Atlas de la création », signé Harun Yahia, et envoyé à plusieurs milliers d'exemplaires auprès des écoles, collèges, lycées et universités*. Comment expliquer cette dernière offensive ? Y a-t-il réellement danger vis-à-vis de l'éducation des jeunes ? Que faut-il faire pour combattre ce « révisionnisme » des acquis de la science ? Quelles sont les incertitudes ou les failles de la théorie de l'évolution dans lesquelles s'engouffrent ses détracteurs ? Pour répondre à toutes ces questions, nous avons rencontré l'historien des sciences et épistémologue Patrick Tort, également directeur de l'Institut Charles Darwin International.
Propos recueillis par
Isabelle Bousquet et Alain Labouze
* Selon le ministère de l'Education nationale, des consignes ont été envoyées par le ministre aux chefs d'établissement afin que cet ouvrage ne soit pas présenté dans les centres de documentation et d'information et qu'il ne soit pas mis au contact des élèves.