Les adaptations de Jules Verne au cinéma Le plus souvent, ces adaptations ne sont pas très réussies et les meilleures sont les versions muettes du début du siècle qui s'écartent peu des romans, même si certaines mélangent des épisodes pris dans des romans différents. On notera que le fils de Jules Verne, Michel, produisit et réalisa, entre 1916 et 1919, quatre films, adaptations des œuvres de son père : La Destinée de Jean Morénas (1916), Les Indes noires (1917), L'Etoile du Sud (1918), et Les Cinq cents millions de la Bégum (1919). Une version remarquable de Vingt mille lieues sous les mers est réalisée en 1915-16 par Stuart Paton, dans laquelle apparaissent les premières vues sous-marines de l'histoire du cinéma. Les vues sous-marines ont été confiées à J.-E. Williamson. Pour filmer, les frères Wilhamson étaient placés dans une grosse sphère descendue dans les eaux des Bahamas. Quant à L'Ile mystérieuse, il faut retenir la version américaine
de M. Tourneur, B. Christensen et L. Hubbard, tournée entre 1926
et 1929, avec beaucoup de difficultés. Notons Voyage au centre de
la Terre en 1909, Robur-le-conquérant en 1908, 1909, 1910,1911,
Les Enfants du capitaine Grant en 1913-14, Le Tour du monde en quatre-vingts
jours en 1913, 1918-19, 1922-23. Un film à signaler est le Mathias
Sandorf tourné par Henri Fescourt en 1920, avec Romuald Joubé dans
le rôle titre. C’est la plus importante production cinématographique
de l'année. Le film comporte neuf épisodes, et les échos
donnés dans la presse montrent que l'histoire est assez bien respectée.
Michel Strogoff, souvent adapté, connut une réalisation célèbre,
en 1925-26, par V. Tourjansky, avec comme principale vedette Ivan Mosjoukine.
Superproduction de plus de deux heures, Tourjansky met en scène
4000 figurants, filmant, en extérieur, à Riga (Lettonie)
de grands mouvements de foule et de soldats en Lettonie, et les autres
scènes en banlieue parisienne, à Billancourt et à Boulogne-sur-Seine. Un des récits parus dans le Musée mérite aussi de retenir notre attention : il s'agit de L'Amérique du Sud. Mœurs péruviennes. Martin Paz, nouvelle historique, publiée, comme la pièce dont il est question plus haut, en 1852. D'après ce qu'affirme Pitre-Chevalier, rédacteur en chef du Musée et ami de Jules Verne, dans la préface qui précède la nouvelle, celle-ci aurait été écrite par le jeune écrivain après avoir vu « le Pérou tout entier palpiter » dans les dessins du plus célèbre des artistes péruviens, Ignace Mérino (né en 1820) que la revue était autorisée à reproduire. Pour une fois, donc, l'artiste aurait inspiré l'écrivain qui, « renseigné minutieusement par tous les touristes liméniens », aurait écrit Martin Paz en faisant « agir et parler tous les types créés par M. Merino ». Les romans de Jules Verne publiés par Hetzel ne parurent pas tout de suite dans la célèbre édition gr.in-8° illustrée. Leur édition originale est formée par des volumes de petit format (in-18), non illustrés jusqu'en 1893. Il faut attendre 1865 pour trouver la première édition illustrée d'un roman de Jules Verne publié par Hetzel : Cinq semaines en ballon, dans un format provisoire (pet.in-8°). Il est vrai, cependant, que les Voyages et aventures du capitaine Hatteras avaient commencé à paraître en édition préoriginale, à partir du 20 mars 1864, dans la revue d'Hetzel, le Magasin d'Education et de Récréation, illustrée par les gravures qui allaient figurer dans les éditions en volume. Ce n'est qu'en 1866 que la série des Voyages extraordinaires, gr.in-8° et richement illustrée, fut lancée. Entre 1866 et 1919 (année de la parution du dernier Voyage extraordinaire) des centaines de dessins, dus au crayon d'artistes plus ou moins célèbres, avaient accompagné les aventures des héros verniens. Leur valeur est inégale, leur style aussi. Les plus grands dessinateurs du XIXe siècle, Doré, Grandville ou Gavarni (à part le cas que nous avons vu plus haut), n'illustrèrent pas les œuvres de Verne, qui dut se contenter d'artistes moins célèbres : Edouard Riou, Henri de Montaut, Alphonse de Neuville, Jules Férat, Paul Philippoteaux, Henri Meyer, Léon Benett et Georges Roux (mais la liste n’est pas complète !), qui ont lié leurs noms aux images du monde vernien gravées dans nos mémoires. Georges Roux est d'ailleurs l'auteur, avec Semeghini, Geoffroy, Matthis et d'autres dessinateurs, des superbes affiches que la Maison Hetzel distribuait chaque année au moment des étrennes, et dont quelques-unes sont consacrées uniquement aux Voyages extraordinaires. D'autres artistes nous ont laissé des caricatures de Jules Verne. Les plus célèbres sont celles d'André Gill, parues dans L'Eclipse et dans Les Hommes d'aujourd'hui. HETZEL père & HETZEL fils, éditeurs de Jules Verne
: Assurée par la très bonne entente qui existait entre le père et le fils, dirigeants successifs de l'entreprise, La Maison d'édition Hetzel se caractérise par la remarquable continuité entre 1843, date de sa création, et 1914, date de sa cession. Une biographie succincte de ces deux personnages montre leur profond attachement à leur métier d'éditeur : Pierre-Jules Hetzel, né à Chartres le 15 janvier 1814, après l’obtention de son baccalauréat ès-lettres en 1833 et un début d'études de droit, s'associe dès 1837 avec le célèbre éditeur Paulin jusqu'à l'année 1843, date à laquelle il fonde sa propre maison d'édition. Il épouse en 1852 Catherine Sophie Quirin Fischer qui lui donne deux enfants, Marie-Julie et Louis-Jules. Républicain convaincu (il avait été chef de cabinet de Lamartine en 1848) et malgré une période d'exil sous le second Empire entre 1851 et l'amnistie de 1859, P.-J. Hetzel assure efficacement la direction de ses publications par des relations très suivies et souvent amicales avec ses auteurs, illustrateurs, imprimeurs et relieurs jusqu'à son décès le 17 mars 1886 à Monte-Carlo. - Louis-Jules Hetzel, né le 8 novembre 1847 à Paris, bachelier ès-sciences en 1864, entre dès 1866 dans la maison d'édition paternelle après avoir effectué un stage de typographe à l'imprimerie J. Claye et Cie. A partir de cette date il secondera activement son père et prendra la direction de la maison à la mort de celui-ci. Il épouse en 1888 Aimée Arnault, veuve du peintre Edouard Blanchard ; ils auront une fille unique, Catherine, née en 1889. Parallèlement à son activité d'éditeur, Louis-Jules Hetzel sera maire adjoint du VIe arrondissement de Paris et recevra de nombreuses décorations. - Le 1er juillet 1914, il cède son fonds à la maison Hachette et Cie, quelques jours seulement avant le début de la première guerre mondiale, mais l’appellation Collection Hetzel sera préservée encore pendant quelques années sur certaines rééditions d'ouvrages à succès comme les œuvres de Jules Verne. Il meurt à Paris le 6 décembre 1930. Sa fille Catherine épousera en 1918 Fernand Bonnier de la Chapelle et, sans descendance directe, elle fera don à la Bibliothèque nationale, en 1966, d'une grande partie des archives de la Maison Hetzel. - Les trois dernières générations de cette famille reposent maintenant au cimetière de Montparnasse dans un curieux mausolée orné d’un médaillon d’Hetzel père et d’un livre supporté par deux couronnes de laurier et de chêne. Extraits du futur DVD sur Jules Verne, conçu par Jean Verne, édition L.E.P.M. (Les Éditions Provençales Music) 4, rue Denfert Rochereau 84800 l'Isle sur la Sorgue - lep.music@free.fr |
Cinq semaines en ballon. D.R.
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