en poésie...


«Regarde, mais regarde ! Et respire ! L’odeur
Est la même qu’au soir d’un semblable voyage,
Aux vitres des wagons c’est la même vapeur
Et c’est dans le filet d’identiques bagages. »
Robert Desnos, L’évadé« ô mon amie hâte-toi
Crains qu’un jour un train ne t’émeuve
Plus»
Guillaume Apollinaire, Nuit étoilée in Calligrammes

«Les inquiétudes
Oublie les inquiétudes
Toutes les gares lézardées obliques sur la route
Les fils télégraphiques auxquels elles pendent
Les poteaux grimaçants qui gesticulent et les étranglent
Le monde s'étire s'allonge et se retire comme un accordéon qu'une main sadique tourmente
Dans les déchirures du ciel, les locomotives en furie
S'enfuient»
Blaise Cendras, La prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France

«Ah ! il faut que ces bruits et que ce mouvement
Entrent dans mes poèmes et disent
Pour moi ma vie indicible, ma vie
D’enfant qui ne veut rien savoir, sinon
Espérer éternellement des choses vagues.»
Valéry Larbaud, A.O.Barnabooth, poésies

« Routes de fer vers l'horizon :
Blocs de cendres, talus de schistes,
(…) Rails qui sonnent, signaux qui bougent,
Et tout à coup le passage des yeux
Crus et sanglants d'un convoi rouge (…)»
Émile Verhaeren, La folie, in Les forces tumultueuses

«Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate !
Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs !
- Est-il vrai que parfois le triste coeur d'Agathe
Dise : Loin des remords, des crimes, des douleurs,
Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate ?»
Charles Baudelaire, Moesta et errabunda, in Les fleurs du mal