Pythagore
est le premier à affirmer, 6 siècles avant J.C., que
la Terre est ronde : la sphère étant la forme parfaite,
l'univers en général ne peut être que sphérique.
Pour Aristote, la Terre est lourde et immobile au centre de l’univers,
qui tourne autour d’elle dans un mouvement circulaire uniforme.
Il faudra attendre deux millénaires pour que l’héliocentrisme
soit envisagé.
En 1609, Galilée met au point la lunette astronomique et
confirme la théorie du Soleil au centre du monde, avant d’être
lui aussi condamné par l’Église. Enfin Newton,
au XVIIe siècle, découvre le principe de la gravitation
universelle et explique l’attraction Soleil-Terre-Lune et
la précession des équinoxes. Ce n’est qu’au
début du XXe siècle, avec la découverte de
la théorie de la relativité, que son système
fut remis en cause.
Pythagore (v. 570-500 av. J.C.)
Son existence même demeure très mystérieuse,
presque légendaire. Son système philosophique repose,
entre autres, sur deux principes : "Qu'y a-t-il de plus sage
? Les nombres. Qu'y a-t-il de plus beau ? L'harmonie."
Il aurait été le premier à affirmer la rotondité
de la Terre, car la sphère étant la forme parfaite,
l'univers en général ne peut être que sphérique
: chaque planète est située sur un cercle. En outre,
les astres produisent un son, comme tout objet en mouvement, et,
selon le principe d'harmonie, ces sons ne peuvent être que
sublimes : la musique produite par la vibration des différentes
sphères devait composer une octave parfaite.
Philolaos (Ve siècle av. J.C.)
Héritier des philosophes pythagoriciens, ses conceptions
du monde ne sont connues qu'à travers Platon. Son système
reprend le principe des huit sphères correspondant aux sept
planètes et à la sphère des étoiles
fixes.
Il y ajoute la sphère de la Terre, qui n'est plus immobile
au centre du monde, mais tourne avec les autres autour du Feu central,
Hestia (qui n'est pas le Soleil). Pour parvenir au nombre sacré
de 10 sphères, il imagine une autre planète, l'Anti-Terre,
toujours invisible parce que parfaitement opposée à
la Terre par rapport au Feu central. Il est le premier à
penser, même de façon fantaisiste, que l'univers n'est
pas géocentrique.
Eudoxe de Cnide (400-355 av. J.C.)
Élève de Platon, il tente de rendre les mouvements
réels des planètes, en respectant les deux règles
d'une Terre sphérique immobile au centre du monde et d'une
révolution circulaire uniforme des astres autour d'elle.
Il imagine un système de sphères, ayant le même
centre, portant les planètes et les étoiles. Le mouvement
de chaque planète est le résultat de la combinaison
de trois ou quatre sphères animées de mouvement circulaires,
chacune ajoutant sa propre vitesse de rotation à la précédente.
Une sphère des étoiles fixes englobe l'univers : le
mécanisme général qui régit les 27 sphères
ainsi créées permettrait de rendre compte de tous
les mouvements astraux.
Aristote (385-322 av. J.C.)
Sa philosophie a marqué le monde antique jusqu'au
Moyen Âge. Il réfute l'hypothèse d'Héraclide
d'une Terre tournant sur elle-même et installe cette Terre
immobile au centre du cosmos, parce qu'elle est lourde, alors que
les autres astres relèvent de la sphère du Feu.
Les planètes sont fixées sur des orbes animés
d'un mouvement circulaire uniforme. Comme le vide ne peut logiquement
pas exister, les espaces entre les sphères, dans cet univers
en "pelure d'oignon", sont occupés par d'autres
sphères, les anastres, au nombre de 56, composées
d'éther. Le mouvement général est impulsé
par le "Premier Moteur", installé sur la sphère
des fixes, qui le transmet aux autres.
Claude Ptolémée (90-168)
Ses découvertes ne furent connues en Occident que
par l'intermédiaire des Arabes. Son Almageste est la somme
de tous les systèmes géocentriques de l'Antiquité.
La Terre demeure immobile et centrale, les sphères des planètes
et des étoiles fixes sont au nombre de 8. Mais pour expliquer
leurs mouvements différents, il reprend la théorie
des épicycles d'Apollonius: chaque planète est animée
d'un mouvement circulaire autonome dont le centre est fixé
sur sa sphère.
Selon sa position, elle apparaît ainsi plus ou moins proche
de l'observateur. Pour justifier tous ces mouvements, Ptolémée
est contraint d'imaginer une quarantaine d'épicycles. Ce
modèle ne fut pas remis en cause avant un millénaire.
Cosmas Indicopleustès (VIe s.)
Navigateur devenu moine, il écrivit en 536 une Topographie
chrétienne qui fit date. Suivant les descriptions bibliques
à la lettre, il imagine un Univers en forme de tabernacle.
La Terre y est une boîte rectangulaire, deux fois plus longue
que large ; les terres habitées sont entourées d'eau.
Les côtés de la boîte sont formés par
des murailles qui se rejoignent en une voûte céleste
où Dieu réside. Les astres gravitent autour de la
montagne du Nord, derrière laquelle ils disparaissent, créant
l'alternance des jours et des nuits. Cette vision ahurissante mais
conforme aux textes sacrés, fut défendue par les pères
de l'Église jusqu'à la fin du premier millénaire.
Nicolas Copernic (1473-1543)
Pour ce chanoine polonais, le Soleil, immobile, devient
le centre du système ; l'orbite de la Terre est une parmi
celles des autres planètes, et la Terre n'est plus fixe,
mais animée d'un mouvement de rotation diurne et d'un mouvement
orbital annuel.
Apparemment, il n'y a que peu de changements : la sphère
des étoiles demeure fixe, les courses des planètes
restent circulaires (et non elliptiques), l'idée d'un cosmos
en pelure d'oignon perdure. Mais le simple fait de ne plus faire
de l'homme le centre de l'Univers constitue une révolution
théologique fondamentale. Violemment attaqué par l'Eglise,
le système copernicien représente le point de départ
de la révolution scientifique.
Tycho Brahé (1546-1601)
De son observatoire géant d'Uraniborg, il répertorie
1077 étoiles, chiffre jamais atteint. Il reprend les hypothèses
de Ptolémée et de Copernic pour élaborer un
système hybride dans lequel la Terre demeure immobile au
centre du monde, le Soleil (et la Lune) tournant autour d'elle.
Mais toutes les autres planètes tournent autour du Soleil,
toujours en suivant des orbites circulaires. L'Univers posséde
donc deux centres, la Terre et le Soleil : manière de respecter
les enseignements de l'Église, toujours exigeante quant à
la position de notre planète, et de prendre en compte la
réalité des mouvements des astres. Après sa
mort, Kepler reprendra ses calculs et les affinera.
Giordano Bruno (1548-1600)
Pour ce docteur en théologie, Dieu, dont la puissance
est infinie, n'a pu créer qu'un Univers sans mesures, à
son image. L'Univers n'a pas de centre, la Terre n'y occupe pas
une place privilégiée, le Soleil et les planètes
ne sont qu'un système parmi d'autres.
La sphère des étoiles fixes disparaît, remplacée
par une pluralité infinie des mondes, tous composés
d'une matière homogène comprenant les quatre éléments.
Bruno est le premier à ouvrir un horizon métaphysique
sans limites ; une conception aussi peu dogmatique ne peut être
admise. Condamné comme "hérétique impénitent,
opiniâtre et obstiné", il est torturé et
brûlé vif par l'Église de Rome.
Galilée (1564-1642)
À 20 ans, il ne possède aucun diplôme,
ce qui ne l’empêche pas de s’intéresser
aux mathématiques, de façon suffisamment sérieuse
pour devenir professeur à l’université de Padoue.
Esprit curieux de tout, philosophe et musicien, il met au point
en 1609 une lunette qui grossit vingt fois.
Il la tourne vers le ciel, voit plus d’étoiles en une
fois que tous les astronomes qui l’ont précédé,
observe les taches solaires et dédie à Côme
de Médicis les quatre satellites de Jupiter qu’il a
découverts. Dans Le Messager des étoiles, il soutient
les théories de Copernic en affirmant que “ le
Soleil en personne est le centre du monde ”. Mais l’Église
condamne l’héliocentrisme comme “ contraire
aux Écritures ”, et il se voit contraint d’abjurer.
Il ne se résigne pourtant pas et publie en 1633 un Dialogue
sur les systèmes du monde qui le conduit devant le tribunal
du Saint-Office : condamné à résidence,
il meurt en 1642, devenu aveugle pour avoir trop observé
le Soleil.
Johannès Kepler (1571-1630)
“Sans lui, le progrès de l’astronomie
eût été retardé d’un siècle ;
sans lui, il n’y aurait pas eu Newton.” C’est
à l’université de Tübingen que Kepler découvre
l’astronomie et les théories coperniciennes.
À 24 ans, il écrit le Mysterium cosmographicum, dans
lequel il tente de vérifier mathématiquement le système
héliocentrique. La solution proposée – les cinq
polyèdres réguliers définis par Euclide s’emboîteraient
parfaitement entre les orbites des différentes planètes
– est passionnante, mais sans avenir. C’est en complétant
les calculs de Tycho Brahé qu’il démontre, en
1609, que l’orbite de Mars est une ellipse dont le foyer est
le Soleil. Enfin, il achève de définir la structure
mathématique des mouvements planétaires, en prouvant
la relation entre le carré de la durée de révolution
des planètes et le cube de leur distance moyenne au Soleil.
C’est le début de la révolution astronomique
moderne.
René Descartes (1596-1650)
Lorsqu'un personnage des Femmes savantes déclare
"J'aime les tourbillons", le lecteur moderne a du mal
à comprendre l'allusion à Descartes. Son système
cosmogonique, qu'il ne publia pas par crainte de l'Église,
était pourtant cohérent.
L'Univers ne connaît pas le vide et contient trois éléments,
le feu, l'air et la terre, qui composent respectivement le Soleil
et les étoiles, les cieux et enfin les corps opaques, Terre,
planètes et comètes. Un mouvement tourbillonnaire,
déclenché par chaque planète les déplace
dans l'espace autour du Soleil, dans un tourbillon de plus grande
dimension. Ce principe permet d'expliquer les mouvements universels.
Malheureusement, sa théorie ignore la loi de la gravitation
que Newton n'énoncera qu'en 1687.
Isaac Newton (1642-1727)
Professeur à Cambridge à 26 ans, rien de ce
qui était scientifique ne lui était étranger :
il s’intéressa aux mathématiques, à la
physique, à la mécanique, à l’astronomie,
à la philosophie, à la théologie, à
l’alchimie. Il publia en 1686 ses Principia, où il
exposait le principe de la gravitation universelle.
“Si j’ai vu plus loin, c’est parce que j’étais
assis sur les épaules de géants”, déclara-t-il ;
encore fallait-il que sa vue soit bonne… Il reprend et rectifie
les découvertes de ses prédécesseurs, unifiant
la mécanique céleste de Kepler et la mécanique
terrestre de Galilée, effaçant les tourbillons de
Descartes ; la gravitation lui permet d’expliquer le
problème de l’attraction Soleil-Terre-Lune et la précession
des équinoxes, la forme aplatie de la Terre, la théorie
des marées, les inégalités du mouvement de
la Lune. Son influence fut immense et il fallut attendre le début
du XXe s., et la théorie de la relativité, pour que
son système soit remis en cause.
Thomas Wright (1716-1786)
Le XVIIIe siècle a été riche en écrivains
et penseurs, inventeurs de cosmogonies plus mystiques que scientifiques,
comme Swedenborg ou William Blake.
Parmi eux, Thomas Wright a élaboré, dans sa Théorie
originale ou nouvelle hypothèse sur l'Univers, un système
scientifico-poétique qui vaut d'être évoqué.
L'univers est constitué d'une multitude de systèmes
stellaires en forme de sphères. Sur chaque sphère,
sont situées les étoiles. Chaque étoile est
entourée de planètes, comme le Soleil, et ces planètes
peuvent être habitées. Le centre de chaque sphère
est occupé par le symbole de la puissance divine, l'œil
de Dieu.
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