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La science rejoint la BD et la littérature avec
la découverte de nouvelles espèces !
M.M.: Oui, que ce soit sous forme comique ou plus
sérieuse, l'idée qui circule depuis la Belgique
des années 50, c'est qu'il y a autour de nous des présences
cachées qui ne demandent qu'à être découvertes
et répertoriées, pour enrichir le champ de la
science. Le Marsupilami est comme le symbole de ces êtres
spéculatifs qui attendent, dans le purgatoire de l'imaginaire,
d'être répertoriés. Et de fait, depuis
les dernières décennies, les zoologistes ont
montré que contrairement à une idée répandue,
la majorité des espèces vivantes sont encore
inconnues de la science. Si on en connaît environ 1,5
million, il y en a au moins le double qui reste "caché".
Ce qui fait qu'on aurait tort de ne considérer le Marsupilami que comme
une créature fantaisiste. Au-delà de l'aspect cocasse évident,
il y a une interrogation beaucoup plus profonde sur la nature. Le Marsupilami
est un défenseur de la sauvagerie de la forêt tropicale, mais plus
profondément encore le représentant de la part de sauvagerie qui
subsiste dans le civilisé d'aujourd'hui. C'est une sorte de double de
Franquin et du lecteur.
Franquin disait que c'était un Marsu-ami, proche et bon…
M.M.: Oui, il y a des éléments de Rousseau chez lui, et le Marsupilami
est un peu à l'image du bon sauvage, le bienveillant et goguenard protecteur
de Spirou et Fantasio. Parfois un peu dur envers les méchants, mais les
volées qu'il flanque sont toujours pédagogiques. C'est un être
qui est tellement fort qu'il peut être gentil, car quand on est vraiment
fort, on n'a pas besoin d'exercer tous les quatre matins sa force. Sa création
semble liée au contexte de l'immédiat après-guerre et à ses
préoccupations de 1948, où il lui semble difficile de vivre en
Belgique... (Jijé, très angoissé, voulut quitter l'Europe
par peur d'une nouvelle guerre. Il partit donc aux États-Unis en emmenant
Franquin et Morris avec lui. Ndlr). |
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